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Scènes

Ancré à Fribourg et rayonnant

Le duo qui dirige le Théâtre des Osses s’en ira après trois mandats et neuf années de création

La saison 2022-2023 sera la dernière de Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier à la tête du Théâtre des Osses.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

28 février 2022 à 16:34

Interview » Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier n’ont pas souhaité s’engager pour un quatrième mandat à la tête du Théâtre des Osses, à Givisiez. Leur contrat prévoit 18 mois de préavis, c’est donc déjà en début d’année que les codirecteurs du centre dramatique fribourgeois ont annoncé leur départ à l’été 2023. Ils ont encore une dernière et neuvième saison à présenter, en attendant que le conseil de fondation nomme leur succession.

Pourquoi avoir choisi de démissionner?

Nicolas Rossier: Je n’aime pas le terme de démission. Nous ne postulons pas pour un nouveau mandat. Notre décision portait sur le fait de s’engager pour trois nouvelles années. Le mandat est lié au contrat de partenariat avec le canton de Fribourg. Tous les trois ans, nous avons dû redéposer un dossier. La question se repose tous les trois ans.

La crise du Covid-19 y est-elle pour quelque chose?

NR: Ces mois ont été très usants, nous ne pouvons pas faire fi de ça. D’une année sans ouverture, de travail d’arrache-pied pour motiver une équipe. Pour moi il y a eu des moments de travail de singe, pour anticiper les reprises, faire des répétitions, pendus à une décision du gouvernement qui bloquait tout. Nous avons travaillé dans le vide avec toute l’énergie qu’il faut. Ça a été très difficile.

Geneviève Pasquier: Ce qui joue dans cette décision, c’est le nombre d’années. Si le Covid-19 était intervenu durant nos trois premières années, ça ne nous aurait pas arrêtés. Nous aurons fait un bon cycle de quasi dix ans. Pour garder en activité un lieu comme celui-ci, pour qu’il reste vivant, il faut démultiplier son énergie, dans les tournées, les créations, les accueils, le festival, les scolaires, il faut être à 150%. Nous avions fait 25 ans de compagnie avant de diriger le Théâtre des Osses, le rythme de travail est très différent.

«Ce n’est pas bon qu’une direction artistique soit figée pour plus de dix ans. Le théâtre est un art du mouvement.»
Geneviève Pasquier

Mais c’est aussi un lieu de mille possibilités! Pour la création Dada, c’était extraordinaire d’être dans un lieu comme celui-ci: nous avons pu l’amorcer bien en amont, pendant six mois. Pour toutes les adaptations, comme celle du Journal d’Anne Frank, nous avons pu faire des laboratoires, tester. La temporalité joue en notre faveur pour approfondir, tenter des choses sur le long terme. Il y a beaucoup de positif, mais c’est un genre de sport que l’on ne pratique qu’un moment. Alors neuf ou douze ans? Nous aurons 58 ans en partant. J’ai à cœur que cet outil soit entre les mains de personnes qui auront de l’énergie pour y aller à fond.

Vous avez pensé à la relève, à laisser la place à d’autres?

GP: Oui, ayant pratiqué ce métier avant, j’étais toujours contente quand ça bougeait. Un départ donne des opportunités à de nouvelles personnes. Ce n’est pas bon qu’une direction artistique soit figée pour plus de dix ans. Le théâtre est un art du mouvement.

NR: Je partage cet avis. Les places sont rares dans ce milieu.

Les places de directeurs-metteurs en scène?

GP: Nous avons été mandatés pour faire de la création. Nous recevons du canton une aide à la création. C’est atypique, nous ne sommes pas des directeurs-programmateurs. Le mandat prévoit deux créations par saison, mais en cas de reprise, nous avons négocié une création en moins. Si une création a du succès, c’est dommage de ne pas l’exploiter en tournée. Le Journal d’Anne Frank et Le Loup des sables en particulier ont beaucoup tourné, ils ont été joués plus de 100 fois chacun.

NR: Au-delà de l’aspect économique, une tournée a un aspect très dynamique, c’est sain de se confronter à d’autres publics, d’autres espaces. Nous le pratiquions déjà.

GP: Nous avions déjà un bon réseau avant d’être ici. Ce sont des activités très prenantes et complémentaires. C’est important de maintenir les deux aspects, d’avoir des relations avec un public, de s’ancrer dans un lieu, et de s’exporter.

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