Sous le soleil de Calexico
Le groupe américain reprend la route avec un album sur lequel, une fois encore, le mélange entre rock indé et sons latins fait merveille. Interview
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Jean-Philippe Bernard
22 avril 2022 à 14:21
Musique » Au cœur de la nuit, les cuivres font une descente en ville. L’air est torride même pour les cow-boys échappés d’un désert de cactus. El Mirador, et sa guitare qui claque tel un fouet, ouvre le nouvel album homonyme de Calexico, groupe fondé à Tucson, voici 25 ans, par le guitariste Joey Burns et le batteur métronome John Convertino. Deux baroudeurs du rock indépendant yankee (Friends Of Dean Martinez, Giant Sand), inventeurs d’un cocktail épicé à base de country, de rock, d’envolées mariachis et d’orchestrations à la Morricone.
El Mirador, hanté par des invités de marque telle Gaby Moreno, la divine chanteuse guatémaltèque, est une merveille. Un feel-good album à faire exploser le plus élaboré des thermomètres. Ici, des perles cinématographiques telles que Cumbia Peninsula ou le somptueux El Paso témoignent que Calexico met toujours dans le mille. Avant d’entamer une tournée européenne, Joey Burns nous accueille dans son salon, par vidéoconférence. A Tucson? Non, à Boise, Idaho, où il réside désormais.
Pour le public européen, Calexico, c’est l’Arizona. On n’a pas envie de vous imaginer ailleurs qu’à Tucson. Vous nous pardonnez ce cliché?
Joey Burns: C’est un cliché flatteur! La réalité, cependant, c’est que j’ai déménagé en juin 2020, lors de la première vague Covid. Vu la situation, je me disais que j’allais devoir quitter Tucson comme un voleur, sans pouvoir dire au revoir à qui que ce soit. Mais la nuit avant mon départ, Sergio Mendoza, un membre de Calexico et surtout un très bon ami, a contacté des mariachis locaux. Ils nous ont pris par surprise et nous ont offert une sérénade en guise d’adieu.
On se croirait dans un film! Ça s’est vraiment déroulé ainsi?
Oui et c’était extraordinaire. Mes voisins sont sortis de leurs maisons. Certains ont apporté de la tequila… L’air nocturne s’est empli de sons merveilleux. Ce moment était d’autant plus précieux que c’était une période délicate pour la ville: en plus du virus, des incendies géants dévoraient la végétation sur les collines environnantes. De nuit comme de jour, la vision était terrifiante. Dans ce moment très étrange, nous avons pu, une fois encore, constater le pouvoir réparateur de la musique.
Heureusement, ça n’était pas un adieu à Tucson. Juste un au revoir, puisque c’est là que vous venez d’enregistrer El Mirador…
C’est exact. Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, nous n’avions jamais enregistré un album entier dans la ville où nous avons vécu durant plus de 25 ans! La plupart du temps, nous allions en Californie, à la Nouvelle Orléans, à Memphis. El Mirador est le premier de nos albums 100% made in Tucson. Une fois encore, c’est grâce à Sergio Mendoza. Pour continuer à travailler durant le Covid, il a construit son propre studio dans son jardin. C’est là que nous nous sommes retrouvés.
Comment s’est déroulée la remise en marche du groupe après ces longs mois de crise?
L’idée première était de nous retrouver tous ensemble dans une pièce et de jouer pour conjurer le mauvais sort (sourire). Nous étions là de 10h du matin à 10h du soir, parfois plus tard. Les idées sont venues en abondance, dans la bonne humeur. Notre souci a ensuite été de capturer cette vibration. En une prise, car, comme disait Charlie Watts, rien ne vaut la première prise.
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