Série «remakes». «Les Infiltrés» de Martin Scorsese, le tombeau des illusions
Les Infiltrés de Martin Scorsese est un modèle de récit crépusculaire. Tendu, violent, il mérite d’entrer au panthéon du film de gangsters.
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Jean-Philippe Bernard
12 août 2022 à 18:51
Les remakes (6/7) » «Les scénaristes n’ont aucune imagination et nous balancent toujours la même soupe!» Tout l’été, La Liberté démontre le contraire avec des remakes qui ont marqué l’histoire du cinéma.
La mafia! Rien qu’à l’énoncé de ce nom, on a la sensation qu’un torrent de sueur, froide bien entendu, dévale le long de la colonne vertébrale. Au cinéma, depuis les débuts du parlant, époque marquée par les sorties en rafales de pellicules nerveuses, scandaleuses pour l’époque, telles que L’Ennemi public de William A. Wellman, Le Petit César de Mervyn LeRoy, Scarface d’Howard Hawks ou encore Les Anges aux figures sales de Michael Curtiz, les malfrats ont avantageusement remplacé les croque-mitaines en tant que figures du mal absolu.
Ceux qui les incarnaient à l’écran étaient tellement crédibles qu’Al Capone, le fameux parrain de Chicago, déclara un jour que ces films-là étaient dangereux car ils exerçaient une mauvaise influence sur la saine jeunesse américaine. On n’ose imaginer ce qu’aurait dit le dit «balafré» s’il avait assisté aux méfaits sanglants de Frank Costello, le grand patron du crime organisé de Boston incarné par Jack Nicholson dans Les Infiltrés de Martin Scorsese.
Costello est né de l’imagination du scénariste William Monahan (Kingdom Of Heaven de Ridley Scott). C’est Plan B Entertainement, la maison de production fondée par Brad Pitt, qui a mandaté Monahan pour réinterpréter le script d’Internal Affairs, polar hongkongais signé par Andrew Lau et Alan Mak en 2002. A l’exception des fidèles du cinéma asiatique, peu de monde a vu le film en question. Plan B, la Warner et quelques autres grands argentiers sont néanmoins persuadés que cette histoire de double infiltration, au sein de la police et de la mafia, peut faire un malheur si on l’adapte à la sauce yankee. Sans voir l’original, en se basant uniquement sur une copie du scénario, Monahan s’en va directement chasser sur les terres de Chuck Hogan (The Town) et Dennis Lehane (Mystic River), deux des plus grands peintres de la pègre de Boston.
Petite frappe
Bientôt, Monahan livre à Martin Scorsese l’histoire des Infiltrés. Dans Boston, imposant nid de crotales que les rivières de sang transformeront bientôt en tombeau de toutes les illusions, des brutes sans nom, des flics pourris jusqu’à la moelle et une poignée d’incorruptibles tournent, pour différents mobiles, autour de Frank Costello, l’empereur du crime local.
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