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Les créateurs de «Hierro» signent, avec «Rapa», une nouvelle série policière de très bonne tenue

Les créateurs de l’excellente série Hierro reviennent avec Rapa, dans laquelle la syndique d’un village de Galice est assassinée


Aurélie Lebreau

Aurélie Lebreau

13 octobre 2023 à 20:25

Temps de lecture : 1 min

Espagne » C’est un village qui semble sans histoires, où tout le monde se connaît, où les éoliennes tournent, où le brouillard se love puis se lève. Et pourtant, lors d’une promenade sur la lande déserte, Tomas Hernandez (Javier Camara, il a tourné au cinéma avec Pedro Almodavar – l’infirmier Benigno dans Parle avec elle, c’est lui – et on l’a également vu à la télévision dans Narcos et The Young/New Pope) trouve une femme agonisante dans l’herbe humide. Elle décède après avoir soufflé à Tomas quelques phrases dont il ne comprend pas le sens.

La victime qu’il n’a pas reconnue était la syndique de sa commune, Cedeira, à l’extrême nord de la Galice, en Espagne. Unique témoin de ce meurtre, Tomas – qui est professeur de littérature au lycée – se trouve rapidement obsédé par cette affaire, au point de mener ses propres investigations, en parallèle de l’enquête officielle conduite par la sergente de la Guardia civil Maite Estevez (impeccable Monica Lopez)… Bien évidemment, les deux limiers aux styles opposés vont devoir collaborer, unis par une même ténacité.

Ainsi se déploie Rapa, en cours de diffusion sur RTS (et à rattraper sur son site). On doit cette très bonne série policière, complexe et tout en retenue, à Fran Araujo et Pepe Coira à l’écriture, à son frère Jorge Coira à la réalisation (tous trois natifs de Galice) qui ont déjà signé une perle ensemble: Hierro, dans laquelle jouait Monica Lopez.

Dans ce premier succès, on suivait le transfert plutôt compliqué, sur l’île canarienne d’El Hierro, de la juge Candela Montes, incarnée par la géniale Candela Peña. Déjà, le paysage abrupt de l’îlot volcanique y tenait un rôle central, à la fois sublime et oppressant. De même dans Rapa, la magnifique côte galicienne est un personnage à part entière de l’œuvre, tournée à Ferrol et Cedeira. Les falaises battues par l’Atlantique, les plateaux râpés par les vents et les forêts d’eucalyptus y sont admirablement filmés, à l’occasion du ciel, soulignant la petitesse, dans tous les sens du terme, de l’humain.

Ode à la banalité

La bassesse humaine – l’avidité, la corruption et une certaine forme de tyrannie – apparaît au grand jour, après le décès de la syndique. Ces travers menacent l’équilibre, finalement précaire, de la petite communauté qui vacille d’un coup sec, malmenée de surcroît par un projet de mine divisant les citoyens. Cette minisociété, offrant le pire et le meilleur, le téléspectateur peut s’y retrouver instantanément. Et c’est bien cela qui intéresse les créateurs de Rapa, qui ont commencé l’écriture de cette série durant le tournage de la seconde saison de Hierro. Montrer que la violence n’émane pas forcément de grands sociopathes, vrillés depuis leur plus jeune âge, mais de gens parfaitement normaux qui, au-delà de certains retranchements, sont capables de basculer.

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