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Écrans

Le cinéma suisse à la Berlinale

Deux films suisses sont en compétition pour l’Ours d’or, à Berlin, signés Ursula Meier et Michael Koch

La réalisatrice Ursula Meier présente son nouveau long-métrage à la Berlinale, qui démarre demain.

 Tania Buri

Tania Buri

9 février 2022 à 02:01

Septième art » Le montage de La ligne vient d’être bouclé samedi. «Il n’est pas rare qu’un film soit fini peu de temps avant de le présenter en avant-première dans un grand festival», explique Ursula Meier, qui se dit «soulagée que le festival se fasse en présentiel». Sa deuxième sélection à la Berlinale – qui commence le 10 février – est «un grand bonheur». La cinéaste franco-suisse a déjà remporté l’Ours d’argent en 2012 avec L’enfant d’en haut.

La ligne raconte l’histoire d’un drame familial, d’une mesure stricte d’éloignement entre une mère et sa fille aînée. Après avoir agressé violemment sa mère Christina lors d’une dispute, Margaret est arrêtée par la police et condamnée à ne plus s’approcher à moins de 200 mètres de la maison familiale.

Elle perd le contrôle

Une histoire qui met en scène une jeune femme de trente-cinq ans qui perd le contrôle. «Le désir initial du film était de mettre en scène un personnage féminin violent, explique Ursula Meier. Qui se bat comme un animal blessé. Il y avait ce désir de rapprocher la violence physique de Margaret de celle de personnages masculins écorchés de Barfly de Barbet Schroeder, de Rusty James de Francis Ford Coppola ou encore d’Indian Runner de Sean Penn», poursuit-elle.

«J’avais envie que le spectateur assiste à la logique visuelle inverse de celle qu’il a l’habitude de voir au cinéma. Le projet a ensuite bien sûr évolué, mais c’est ce désir-là qui nous a portées dans notre début d’écriture, avec Stéphanie Blanchoud, l’actrice principale», dit-elle.

Famille dysfonctionnelle

Le film est «avant tout un plongeon au cœur d’une famille dysfonctionnelle, composée de quatre femmes, trois sœurs et une mère». Outre Valeria Bruni Tedeschi, Stéphanie Blanchoud et Benjamin Biolay, La ligne, tourné en Valais, révèle aussi Elli Spagnolo, une toute jeune comédienne lausannoise.

Souvent sélectionnée dans de grands festivals pour ses films, Ursula Meier est parfois invitée à entrer dans le jury. N’est-ce pas schizophrène? «Non, pas du tout», estime la cinéaste. «Lorsqu’on réalise un film, on le porte en soi durant des années et lors de sa première projection en public, étrangement, le film ne nous appartient plus. Il appartient au public, à celui qui le regarde», dit-elle.

Comme membre de jury, c’est la démarche inverse «puisque, comme tout spectateur – être membre d’un jury est avant tout être un spectateur comme un autre –, il s’agit d’entrer et d’être traversée par l’œuvre de quelqu’un d’autre, un autre regard. Ce sont des mouvements contraires», selon elle.

Une Suisse compétitive

Cette année, la Berlinale accueille un nombre élevé de productions helvétiques. «C’est une très bonne nouvelle et une vraie chance pour tout le cinéma suisse, qui va bénéficier de ce magnifique coup de projecteur», estime Ursula Meier. «Je ne crois pas du tout que ce soit une illusion d’optique due à un carambolage de sortie de films lié à la pandémie.»

Carine Bachmann, la nouvelle directrice de l’Office fédéral de la culture, est du même avis. «Cette présence extraordinaire de la Suisse à la Berlinale montre un cinéma suisse compétitif, dont on peut être fiers. Et nous sommes là pour soutenir cet élan», a affirmé la haute fonctionnaire, qui vient d’entrer en fonction le 1er février.

«A trois mois de la votation sur la loi sur le cinéma suisse, c’est un signal fort», a encore ajouté la Genevoise, qui fera le déplacement à la Berlinale pour assister notamment à la projection du film d’Ursula Meier le vendredi 11 février. La ligne est une coproduction suisse, française et belge de la société de production genevoise Bandita Films en coopération avec Les films de Pierre et Les Films du Fleuve. Comme cela avait déjà été le cas pour L’enfant d’en haut, Ursula Meier s’est assuré la collaboration de la directrice de la photographie Agnès Godard. ATS

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