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Culture

Cinéma. Accusations de viols: statut de témoin assisté pour Jacques Doillon

Le cinéaste Jacques Doillon, deuxième cinéaste visé par les accusations d'agression sexuelle de la comédienne Judith Godrèche après Benoît Jacquot, a été placé vendredi soir sous le statut de témoin assisté à l'issue de son interrogatoire par des juges.

Le cinéaste Jacques Doillon, 80 ans, a été convoqué vendredi en vue d'une éventuelle mise en examen: il a finalement été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté. (archives).KEYSTONE/EPA/JULIEN WARNAND

ATS
AFP

ATS et AFP

6 décembre 2024 à 10:46, mis à jour le 7 décembre 2024 à 00:12

Temps de lecture : 2 min

M. Doillon, 80 ans, avait été convoqué en vue d'une éventuelle inculpation et a finalement été placé sous ce statut plus favorable de témoin assisté.

"Nous avons apporté une correspondance, des courriels, qui mettent en lumière les mensonges de la partie civile", a notamment déclaré à l'AFP son avocate, Me Marie Dosé.

Le cinéaste avait assuré en avril n'avoir "jamais promis de rôle à quiconque ni profité de (sa) position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles".

"En 35 films, il m'est arrivé une ou deux fois d'avoir des idylles avec des comédiennes, mais je n'ai pas été un harceleur", avait-il ajouté.

Cette figure du cinéma d'auteur, attaché aux sujets intimistes (huis clos amoureux, tourments de l'enfance...), est arrivé vendredi au tribunal portant une casquette noire et des lunettes de soleil pour dissimuler son visage, accompagné de son avocate Me Marie Dosé.

Jacques Doillon avait été placé en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs début juillet, en même temps qu'un autre cinéaste mis en cause par Judith Godrèche, Benoît Jacquot.

Si ce dernier a été inculpé pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild Le Besco entre 1998 et 2000, M. Doillon avait vu sa garde à vue levée "pour raisons médicales".

"Effet de meute"

Devant les policiers, le cinéaste avait notamment été confronté à Joe Rohanne, personne trans non binaire, qui a déposé plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques.

Les faits qu'elle a racontés au quotidien Le Monde, a priori non prescrits, datent de 2009 à 2012 et se seraient produits en France et en Belgique.

Deux femmes avaient en outre déposé plainte pour des faits qui semblaient prescrits : Hélène M. avait accusé le cinéaste de viol à Paris en 1995, alors qu'elle avait 16 ans, tandis qu'Aurélie Le Roc'h l'avait accusé de tentative de viol à l'été 1998 au domicile de M. Doillon, en région parisienne.

L'enquête préliminaire avait été déclenchée après la plainte déposée par Judith Godrèche contre les deux cinéastes. Mais les faits décrits par celle-ci sont prescrits.

Elle accuse M. Doillon de lui avoir "mis les doigts dans la culotte" pendant des essais pour le film "La fille de 15 ans" sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans et était en couple avec Benoît Jacquot.

"Je n'ai jamais eu de rapport intime avec Judith Godrèche. Je n'ai jamais été attiré par elle", avait répliqué Jacques Doillon en avril.

"Judith Godrèche a ouvert le bal et fait de moi son bouc émissaire. Les autres accusations l'ont suivie", avait-il estimé, dénonçant un "effet de meute".

Compagnon de Jane Birkin

Jacques Doillon, qui fut le compagnon de la chanteuse et actrice franco-britannique Jane Birkin, a porté plainte en diffamation contre Mme Godrèche, pour un post Instagram du 21 février dans lequel elle l'accusait de "coucher" avec des "enfants".

Judith Godrèche a récemment annoncé avoir reçu un avis préalable d'inculpation pour diffamation, une mesure automatique.

Les longs métrages les plus connus de Jacques Doillon sont l'adaptation en 1975 du roman "Un sac de billes" et, en 2017, "Rodin" avec Vincent Lindon. Ce film lui a valu une troisième sélection en compétition au Festival de Cannes, après "La Drôlesse" en 1979 et "La Pirate" en 1984, avant qu'il ne sombre à peu près dans l'oubli.

Judith Godrèche est devenue une fer de lance du mouvement #MeToo en France après ses accusations, déclenchant notamment l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel.

D'autres dossiers visant des figures de cette industrie seront prochainement jugés : le réalisateur Christophe Ruggia comparaît lundi et mardi à Paris pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel quand elle était jeune adolescente.

Monstre sacré du cinéma français passé de la gloire à l'opprobre, Gérard Depardieu doit lui être jugé à Paris les 24 et 25 mars pour des agressions sexuelles.

Ces affaires, comme celle du réalisateur Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes de viol et qui a été condamné aux Etats-Unis pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans, ont mis en lumière l'ampleur des violences sexuelles visant les femmes dans le milieu du cinéma.