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Culture

A l’EPFL, la BD de demain est dessinée par l’intelligence artificielle

Sur le campus lausannois, une exposition montre comment la bande dessinée n’a cessé d’inventer ses propres cases, du papier aux écrans. Visite.

Et si l’avenir du neuvième art s’écrivait en code informatique? © Artinite photography

Thierry Raboud

Thierry Raboud

22 décembre 2023 à 09:50

Temps de lecture : 1 min

Exposition » Avant de s’affirmer en neuvième art, la BD était d’abord… une bande dessinée, séquence horizontale posée au pied d’une page de journal. Puis les pieds ont marché, se sont regroupés jusqu’à composer de pleines pages verticales, des albums à succès, enfin des narrations ouvertes à toutes les dimensions du numérique.

Relire l’histoire de la bande dessinée de Töpffer aux webtoons, c’est avant tout mesurer combien l’art d’entrelacer texte et images est aussi un art de la forme, de la sujétion créative à une norme éditoriale et industrielle en constante évolution. Entre iPad, vieux ordinateurs et journaux jaunis, l’exposition Couper/Coller, présentée sur le site de l’EPFL jusqu’au 7 janvier, illustre ainsi comment la BD n’a cessé d’inventer ses propres cases.

Dans ce pavillon de taille restreinte mais de contenu souvent stimulant, lieu de rencontre muséale entre les avancées technologiques et le patrimoine culturel, les riches collections du Centre BD de la ville de Lausanne dialoguent avec la relève de l’Ecole supérieure de bande dessinée et d’illustration de Genève ainsi qu’avec les scientifiques du Poly pour composer, en quelques exemples bien choisis, un panorama formel de cet art graphique.

Strips et bulles

Horizontal ou vertical? Le passage de l’un à l’autre, pour recycler une série d’un fascicule à un journal, nécessitait d’importants ajustements, reconfiguration que le dessinateur et éditeur Marijac opérait dans les années 1950 avec ciseaux, colle et encre à partir de sa planche originale. Processus d’adaptation mi-artisanal mi-industriel déjà à l’œuvre dans les années 1930, alors que Hachette puisait dans les strips des quotidiens américains pour en faire des compilations, supprimant les bulles de Mickey lorsqu’il le fallait.

Et du magazine à l’album, format qui deviendra progressivement un standard dans l’espace francophone, d’autres réarrangements éditoriaux s’opèrent, lorsque Jacobs redessine les planches parues dans le journal Tintin pour la publication en volume de son premier Blake et Mortimer, ou lorsqu’un Lucky Luke d’abord publié en bichromie gagne au passage son emblématique chemise jaune.

Une évolution dans laquelle l’informatique ouvrira dès les années 1990 une voie parallèle – car plus personne ne semble craindre désormais que le pixel ne dévore le papier des livres, par Toutatis! –, tout d’abord avec des déploiements sur CD-ROM, puis avec l’apparition des premiers blogs internet au tournant du millénaire, enfin avec le passage au carré d’Instagram. Mais comme le montre une installation comparative déclinant un même album de Mœbius sur différents supports, papier, ordinateur, tablette ou smartphone, la bande dessinée numérique semble encore chercher son modèle économique aussi bien que sa forme. Faudra-t-il recourir à l’intelligence artificielle pour la trouver?

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