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Les chroniques d'Angélique

Trois petits kilos sur la conscience

Il faut surveiller son tour de taille, paraît-il, soigner ses abdos, serrer les fesses, se tenir droite, pis attention à la rétention d’eau...

ANGÉLIQUE EGGENSCHWILER

ANGÉLIQUE EGGENSCHWILER

15 juillet 2016 à 07:00

Le mot de la fin 

Ah l’été, le soleil sur notre peau, les apéros en terrasse et un peu partout. Sur nos hanches surtout; celles qu’on promène depuis Noël quand bien même on nous balade depuis Nouvel-An avec la dictature du maillot de bain.

Des fins d’années arrosées où nos dents du fond baignent dans le champagne et la crème au beurre, jusqu’au compte à rebours parce que c’est déjà presque l’été au matin du 1er janvier.

On se réveille avec une migraine et un quignon de pain complet, un peu de mauvaise conscience en guise d’édulcorant. C’est sucré le remords, ça sent l’aspartame et la pénitence, ça vous relève une tranche de sérac. C’est rassurant, aussi, comme ces yoghourts allégés qu’on consomme assidûment parce qu’on nous sermonne avec assiduité toute l’année.

On nous vend des cornets de glace entre deux épisodes de Sex and the city et juste en dessous, en tout petit, on nous dit que cinq fruits et légumes c’est bien de temps en temps. On ouvre une plaque de chocolat à l’épisode suivant, pour effacer le souvenir de la crème glacée. Et parce que demain c’est régime, c’est décidé.

On décline le dessert

On a pris trois kilos au saut de l’an alors qu’on est à la diète depuis le Noël précédent. On est au régime constamment, parce que les écarts oui, mais pas trop souvent. On décline le dessert, prend du Coca zéro sur un hamburger. On mange des graines, des œufs, du fromage blanc. C’est blanc et pas joyeux. On mange avec modération, c’est rarement bon. Et c’est tout le temps: il faut manger peu, sans sel et sans conviction.

On supprime la collation. On a tout le temps faim parce qu’on a trois kilos en trop, alors on épluche des concombres et les magazines diététiques, entre deux séries d’abdominaux. Il faut surveiller son taux glycémique, faire du vélo, dormir assez, dîner tôt. Léger. Opter pour les formats mini, se sentir rassasiée, éviter les brownies et les féculents.

Ne surtout pas craquer, il faut palper ses cuisses, soigner ses abdos, attention à la rétention d’eau, de graisse, serrez les fesses, tenez-vous droite, mangez complet, ni pain blanc ni beurre, un sorbet light à la rigueur, une tranche de cake dans l’année pour les plus faibles, les insensées. Pas de temps mort, pas d’excès, on a pris trois kilos à Noël et c’est comme si tout le monde le savait.

On se pèse à jeun et c’est pire qu’à plein. On se dit que c’est la balance et que bronzée ça se verra moins, qu’on mangera des œufs durs demain. On collectionne des jeans trop petits, ceux pour «quand j’aurai maigri», et des paréos de toutes les couleurs.

On se pèse, on se coupe les cheveux. On se pèse à nouveau. On se coupe les ongles. On est déçue, alors on mange du chocolat en buvant du thé vert. On divise le carré en deux, en tiers, on mange tous les tiers de toute la plaque familiale parce que tous ces régimes nous plombent le moral.

On se dit finalement que trois kilos c’est pas grand-chose, qu’il y a la guerre en Syrie, la mucoviscidose et Photoshop pour les petits défauts. Alors on ira à la plage en paréo, on mangera des glaces, on achètera un nouveau maillot, une nouvelle balance et des yoghourts protéinés.

Parce qu’on a trois petits kilos sur la conscience et que tout le monde cherche à nous le rappeler.

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