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Hockey sur glace

«Nous avons pris un risque d’y aller»

Son accolade avec le dictateur bélarusse Alexandre Loukachenko a suscité un tollé: René Fasel s’explique


14 janvier 2021 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Hockey sur glace » La visite du président de la Fédération internationale de hockey (IIHF) René Fasel au président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, lundi à Minsk, où doivent se dérouler les mondiaux 2021, a créé un petit tsunami. Les images de l’étreinte entre le Fribourgeois et l’omnipotent dirigeant à la légitimité contestée ont suscité l’indignation. Avare en interviews en dépit des nombreuses sollicitations depuis, René Fasel a déclaré à la télévision alémanique (10 vor 10): «Imaginez que nous annulions la compétition au Bélarus. Cela changera-t-il quelque chose à la situation dans le pays? Rien.» Dans la tourmente, le septuagénaire a accepté de répondre à La Liberté. Il reconnaît avoir pris un risque.

On vous sait déjà ami de Vladimir Poutine, président de la Russie. Vous faites l’accolade à Alexandre Loukachenko, considéré comme un dictateur. Cherchez-vous les ennuis ou à provoquer?

René Fasel: Ces personnes sont mal-aimées. Mais ce n’est pas de la provocation de ma part. Dans les pays de l’Est, une accolade est une forme utilisée pour se saluer comme la poignée de mains chez nous. Tout le monde a interprété une image qui a très vite circulé sur les réseaux sociaux. J’ai vraiment été surpris par cette énorme tourmente. Nous avons pris un risque en rendant visite aux dirigeants bélarusses, avec Horst Lichtner (secrétaire général de l’IIHF, ndlr), afin d’obtenir des éclaircissements sur la position du gouvernement concernant les problèmes affectant le pays et les préparatifs du championnat du monde 2021. Ce qui s’est passé en retour a été très violent. On doit l’accepter.

Votre proximité avec Alexandre Loukachenko n’est-elle pas malvenue?

J’ai souvent arbitré des matches auxquels il participait. Il y a vingt ans que nous nous connaissons. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut interpréter une accolade comme une acceptation de ce qu’il fait. Pas du tout. Nous sommes arrivés avec des exigences spécifiques que le gouvernement devait remplir pour que le championnat puisse avoir lieu à Minsk. Quand nous avons abordé des thèmes plus politiques, il a dit que c’était lui qui dirigeait. Nous avons essayé, en tentant d’utiliser nos bonnes relations pour y parvenir.

«Nous voulions essayer de rassembler les gens et transmettre un message de paix» René Fasel


N’auriez-vous pas pu éviter la tempête en renonçant à cette visite?

C’était de notre devoir d’y aller. Nous avions quelque chose à offrir au Bélarus, une chance à donner pour que ces mondiaux puissent célébrer une sorte de réconciliation. Mais c’est comme si nous avions remis de l’huile sur le feu. Nous voulions essayer de rassembler les gens et transmettre un message de paix. Pour cela, il faut maintenir un dialogue constructif. Il est clair que, désormais, tout est compromis.

Pourquoi ne pas renoncer à ces mondiaux dans un pays où la répression de l’opposition est quotidienne?

Des contrats ont été signés avec le Bélarus et la Lettonie pour l’organisation conjointe de ce championnat du monde. Je ne suis pas le seul à décider. Nous avons des statuts et des règlements. Nous faisons tout pour essayer de sauver notre championnat du monde, de le dépolitiser. Je préciserais aussi, à ceux qui affirment que Loukachenko nous utilise ou nous instrumentalise, que l’opposition bélarusse n’agit pas différemment. Mais, je le rappelle: le sport est apolitique.

Les mondiaux auront-ils lieu à Riga et Minsk, comme prévu?

Nous allons attendre un peu pour retrouver une quiétude. Après la tempête, il faut que cela se calme et ne pas prendre une décision sur l’émotion. Ces derniers jours ont été violents. Nous avons déjà eu une séance extraordinaire du Conseil pour discuter de la visite à Minsk et des étapes à suivre. Nous avons d’autres réunions prévues. Mon rôle est de rassembler les troupes, de discuter. Nous devrions prendre une décision au plus tard le 25 janvier. Mais où? Tout est remis en cause par le Covid-19.

Regrettez-vous votre visite à Minsk?

Nous en avons déjà beaucoup discuté à l’IIHF. Ma personne n’est pas importante. Ce n’est pas la première fois que je prends en retour. Ce sont les risques d’être un personnage public. Je l’accepte. Je suis surtout surpris par les attaques portées au hockey, à notre fédération. Je rappellerais que le hockey n’a pas connu de boycott depuis 1957, même à l’époque de la guerre froide. En 1972, il y a eu la série du siècle entre le Canada et l’Union soviétique. Aujourd’hui, la situation est très enflammée. Nous sommes allés à Minsk pour chercher des améliorations, œuvrer au dialogue. Nous ne voulions pas renvoyer l’image telle qu’elle a été interprétée. Nous voulions faire passer un message d’ouverture au dialogue.

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