Tuerie de Sion. des centaines de personnes pour un hommage silencieux à l’une des victimes
Par solidarité, par humanité, près de 500 personnes ont participé samedi à une marche blanche à Sion en hommage à Tanija, assassinée en début de semaine.
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Alexandre Beney, Le Nouvelliste
18 décembre 2023 à 09:40
Drame » Le silence ne se décrit pas. Comme toute absence, il se rêve ou s’espère. Au mieux, il s’évoque. Et comme toute présence jamais réalisée, il est condamné à hanter. A sa place, les mots disent le vent sur les branches nues, le ciel vide et trop bleu, les ballons blancs dont le balancement semble vouloir être entendu, et les roses, blanches aussi, emmaillotées dans la chaleur de quelques mains qui racontent ce qui ne peut se dire.
Par ce samedi triste et clair, des centaines de femmes et d’hommes avancent dans le vide gagné sur les paroles. Même les enfants font silence. A l’invitation de la famille, ils sont venus rendre hommage à Tanija, abattue lundi passé à 34 ans dans un acte aussi insensé que brutal.
Des émotions à partager
Les regards échangent des tristesses humbles. On n’ose pas sourire et on sourit quand même, traversé d’émotions inconnues, chargé d’un poids inacceptable qu’il faut pourtant partager. Et la foule s’assemble, en silence, presque en douce, comme s’il fallait s’excuser d’être là.
La cour de la petite école se garnit lentement. En désordre, ils arrivent de tous les coins. C’est une ville qui déborde ici. «Je la connaissais de vue pour l’avoir régulièrement croisée dans des soirées. On est du même quartier, de la même vie», lâche un homme aux yeux brillants.
Et sans un signe, portée par un semblable élan, la foule s’avance entre les immeubles, derrière la piscine, près des rails, où tout est familier sauf l’horreur que chacun porte en soi et que personne n’attendait devant sa porte. Une jeune femme glisse, sans colère: «J’aime pas qu’on tue des gens dans ma ville.»
«Ça devait arriver. Et avec tout ce qu’on lit sur le meurtrier, c’est encore plus injuste», dit une jeune femme. L’injustice, oui. La révolte aussi. Et l’incompréhension, implacable.
Ne pas banaliser l’inacceptable
Si le drame ne peut se justifier, les coups de feu s’expliquer, une chose se dessine parmi ces gens, indicible, et digne. «Je suis ici en tant que maman, en tant que femme, en tant qu’être humain», déclare une femme. Parmi un groupe de trentenaires, amis d’enfance de la victime, un homme lâche: «Je n’ai pas les mots. C’est toute l’humanité qui devrait être là aujourd’hui.»
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