Pas de burqa au nom des femmes
Avec 51,2% des suffrages, les Suisses interdisent le port du voile intégral dans l’espace public. Si les initiants célèbrent une victoire des femmes, certaines féministes dénoncent une instrumentalisation de leur cause
Partager
Xavier Lambiel
8 mars 2021 à 02:01
Musulmanes » La nuit vient de tomber sur Berne. Une centaine de féministes fâchées par le verdict des urnes manifestent sur la place Fédérale. Surnommé «le trouble-fête», le moustachu Giorgio Ghiringhelli, lui, exulte: «Mission accomplie!» Celui qui était à l’origine de l’interdiction de la burqa dans son Tessin natal célèbre «une société fondée sur la démocratie et l’égalité des sexes, et non sur la théocratie et la misogynie».
Par 51,2% des votants, le pays a choisi hier d’inscrire dans sa Constitution l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public. Un peu plus de 67 000 voix séparent les deux camps. Avec les Grisons et Appenzell Rhodes-Extérieures, seuls les cantons très urbains de Genève, Zurich, Berne et Bâle ont rejeté le texte. En interdisant le niqab et la burqa, la Suisse rejoint en Europe la France, la Belgique, l’Autriche et le Danemark.
Jusqu’ici, Karin Keller-Sutter avait enchaîné les victoires, sur les armes, la libre circulation ou les multinationales responsables. En ajoutant le refus de la loi sur l’identité électronique, la ministre de Justice et police a concédé hier ses deux premières défaites depuis son entrée au Conseil fédéral, au début 2019. «Cette campagne a été rendue difficile par le coronavirus. Il n’y a eu aucun échange. Cette votation était vraiment spéciale», relève la Saint-Galloise.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus