L’œil de Pékin n’est jamais loin
Des Tibétains, des Ouïgours et même des Suisses témoignent de la surveillance du régime chinois
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Philippe Boeglin
10 juin 2021 à 22:19
Surveillance » Ils ont souvent un point commun, la peur. Des dizaines de Tibétains et de Ouïgours vivent en Suisse, mais ne sont pas tous rassurés pour autant. La Chine communiste qu’ils ont quittée, ou fuie, ne les perd pas de vue. Elle les surveille, épie, intimide. Une réalité que le Service de renseignement de la Confédération (SRC) ne se prive pas de souligner. Le problème est connu, mais assez superficiellement.
Pour tenter de capter l’ampleur du phénomène, nous avons fouillé au sein de la communauté tibétaine et rencontré des Ouïgours de Suisse. Plusieurs personnes n’ont pas souhaité s’exprimer, même sous couvert d’anonymat. Au final, treize témoignages ont pu être réunis et des éléments écrits ont été consultés. Les récits se recoupent souvent. Protégés par l’anonymat, ils montrent que des opérations de Pékin visent régulièrement les minorités ethniques opposées politiquement: attaques cyber, communications mises sur écoute, pressions sur les proches demeurés au pays, filatures. La répression subie au Tibet et au Xinjiang se prolonge jusque sous nos latitudes – évidemment moins brutalement.
Crainte du kidnapping
Parmi les Ouïgours et Tibétains, certains craignent sérieusement d’être kidnappés par des agents chinois, expliquant que des compatriotes sont enlevés à l’étranger. Plusieurs témoins relèvent un procédé similaire: une invitation à se rendre dans un autre pays sous différents prétextes, par exemple pour «y chercher des cadeaux envoyés par la famille». Cela peut être en Italie, en Autriche. Le Ouïgour Kerim Sharif, naturalisé suisse, en a fait trois fois l’expérience. Il a toujours contourné l’obstacle et rien de fâcheux ne lui est arrivé. Parmi les Tibétains, des sans-papiers se sentent encore plus menacés: leur statut ne leur offre aucune protection de la Confédération.
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