Economie. Les entreprises suisses construisent des châteaux sur le sable saoudien
De retour en grâce, l'Arabie saoudite fait tourner la tête des entreprises étrangères avec ses mégaprojets liés à Vision 2030 qui transforment le pays. Un marché gigantesque pour tous les goûts: construction, santé, tourisme… Si une centaine de sociétés suisses se sont fait une place sous le soleil saoudien, d’autres viennent sonder le terrain.
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Thierry Jacolet, de retour de Riyad
22 février 2024 à 19:05
Le ciel saoudien semble tellement fatigué d’être bleu en cette fin d’après-midi de février qu’il s’allonge paresseusement sur la ville de Riyad. Aucun nuage à percer depuis des jours pour la grue Liebherr qui manœuvre à plus d’une centaine de mètres au-dessus du sol à côté du Sofitel en chantier, un hôtel cinq étoiles. Comme si l’entreprise bulloise d’origine allemande cherchait à se mettre à la hauteur des ambitions de l’Arabie saoudite: la transformation accélérée d’un pays selon la Vision 2030 du prince héritier Mohammed Ben Salman qui cherche à extraire le pays de la rente pétrolière.
La marque Liebherr s’affiche dans d’autres quartiers de la capitale, comme à Diriyah Gate, le site de l’ancienne capitale en pleine réhabilitation. Ce fabricant d’engins de construction œuvre sur un no man’s land dominé par une forêt de grues. La compagnie est en terrain connu, puisqu’elle est active depuis 1983 dans le royaume. Ses dernières contributions dans le vaste chantier des réformes économiques vont du métro de Riyad au district financier de la capitale, en passant par l’aéroport international de Djeddah.
«La marque suisse est demandée»
Les milliers de milliards d’investissements prévus par les Saoudiens dans les mégaprojets de Vision 2030 font tourner les grues et surtout les têtes. Un immense makrout - la brioche saoudienne - à se partager dans tous les secteurs (infrastructure, industrie, santé, tourisme…). Et les entreprises suisses ne veulent pas se contenter des miettes.
C’est le cas de la PME Kromatix, spécialisée dans la fabrication de verres et de panneaux solaires colorés dans son usine de Romont. «Nous sommes au bon endroit, au bon moment», confie son responsable des ventes Hervé Peitrequin. «Pour une industrie d’exportation comme la nôtre, largement fondée sur l’innovation, l’offre rejoint la demande dans ce pays. Les besoins y sont considérables et les moyens, conséquents. Je ne connais pas de pays qui ait mis en œuvre un plan aussi ambitieux. »
Hervé Peitrequin a pu se faire une idée du potentiel début février au sein d’une délégation économique suisse composée d’une bonne trentaine de représentants d’entreprises, menée par le conseiller fédéral Guy Parmelin et venue sonder le marché saoudien à Riyad. Il a serré des mains et ouvert des portes (voir ci-contre). Car le made in Switzerland est un solide passe-partout à Riyad. «Vous avez le savoir-faire, la qualité des produits et des services, la fiabilité», glisse, incognito, un représentant du Ministère des investissements, le seul officiel à accepter de parler. «La marque suisse est demandée ici.»
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