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Suisse

Des pauvres au rancart

L’historienne Christel Gumy explique comment on est arrivé à interner des gens n’ayant commis aucun délit

Un groupe de «vieux colons» aux Etablissements de Bellechasse, vers 1926.

 Philippe Castella

Philippe Castella

21 mai 2019 à 00:57

Commission d’experts » L’internement administratif de dizaines de milliers personnes s’étalant sur plus d’un siècle constitue l’une des pages sombres de l’histoire suisse. Alors que les victimes encore vivantes sont en train d’être indemnisées, une commission indépendante d’experts tente de faire la lumière sur des pratiques que d’aucuns préféreraient oublier. Quatre volumes de travaux ont été publiés ce lundi, cinq autres suivront d’ici l’été. Historienne et directrice de recherche au sein de cette commission, Christel Gumy explique comment on en est arrivé à enfermer des personnes qui n’avaient commis aucun délit et quelles catégories étaient particulièrement visées. Interview.

On apprend que 60’000 personnes ont été internées en Suisse pour des raisons administratives au cours du XXe siècle. C’est un nombre effarant…

Christel Gumy: Oui, et même si cela concernait moins de personnes, cela resterait effarant de penser que ces pratiques aient pu perdurer si longtemps. Et en fait, il s’agit là d’une estimation minimale. Il est extrêmement difficile d’avancer des chiffres précis, faute de statistiques, notamment parce que l’internement administratif est compliqué à définir et parce qu’il existait une grande porosité entre droit civil, pénal et administratif, avec d’énormes différences suivant les régions. Mais l’ordre de grandeur montre qu’il s’agit là d’une mesure de grande ampleur issue de politiques cantonales organisées, et légitimée par les autorités en place sur une longue période.

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