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Valeur marchande: Les footballeurs suisses ne font pas le poids face aux Anglais mais…

Sur le terrain, le déséquilibre ne sera pas aussi important.

Jude Bellingham: le milieu du Real Madrid a une valeur marchande de 180 millions de francs. C’est quatre fois plus que Manuel Akanji. © Keystone/DR
Jude Bellingham: le milieu du Real Madrid a une valeur marchande de 180 millions de francs. C’est quatre fois plus que Manuel Akanji. © Keystone/DR

Christophe Spahr

Publié le 01.07.2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

L’argent, acteur incontournable du football, peut faire le bonheur mais il n’est pas (toujours) déterminant dans les résultats.

Heureusement, sans quoi, le quart de finale entre la Suisse et l’Angleterre, samedi, n’aurait même pas besoin d’être joué. En termes de valeur marchande, la Suisse et ses 282 millions de francs – la cote totale de ses 26 joueurs à l’Euro – ne font pas le poids face à l’Angleterre qui vaut, elle, 1,52 milliard (!) selon www.transfermarkt.com, le site de référence.

1. Les riches s’offrent les meilleurs

Autant écrire que Jude Bellingham (180 millions), Phil Foden (150) et Bukayo Saka (140), les trois joueurs britanniques les mieux appréciés, partent, en théorie, avec une grosse longueur d’avance sur la (petite) Suisse. D’ailleurs, ils ne sont pas moins de cinq Anglais à figurer dans le top 10 des joueurs de l’Euro possédant la meilleure valeur marchande. Le premier Suisse, Manuel Akanji, pointe beaucoup plus loin avec 45 millions estimés. «Les Britanniques sont nombreux à évoluer en Premier League, le championnat le plus riche au monde», précise Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport (CIES) à Neuchâtel. «C’est un avantage considérable. Mais ça vaut aussi pour d’autres joueurs qui portent le maillot de très grands clubs, à l’instar de Jude Bellingham qui possède, chez nous, la valeur absolue la plus élevée avec quelque 280 millions. En plus, dans le top 3 anglais, on trouve des joueurs relativement jeunes. Ces trois stars (Bellingham, Foden et Saka), très au-dessus du lot, expliquent grandement l’écart entre les deux formations. Déjà, les joueurs suisses sont un peu plus âgés que leurs homologues britanniques. Mais surtout, il y a moins de Suisses titulaires dans les tout grands clubs européens.»

Le CIES avance donc des montants bien plus importants encore que le site Transfermarkt. La comparaison entre les deux sélections, théorique puisque le Centre international n’affiche que le top 100 mondial, serait donc encore plus flatteuse pour l’Angleterre. «A la différence de «Transfermarkt», qui n’a pas de modèle mathématique, nous avons un algorithme qui prend en compte davantage de critères en ajoutant le niveau d’inflation. Notre approche est plus scientifique et prédictive», assure son directeur.

2. La nationalité n’est pas un critère

Certes, Akanji, Kobel, Zakaria et Xhaka ne sont pas à plaindre. Eux non plus ne quitteraient pas leur club actuel pour des clopinettes. Il n’en reste pas moins que les joueurs suisses, a priori, n’ont pas tout à fait la même réputation que leurs homologues britanniques, lesquels ne sont pas forcément quatre ou cinq fois meilleurs qu’eux. «Non, la nationalité ne dicte pas les montants», poursuit le chercheur.

«Pour le top 5 helvétique, on parle de sommes rarement évoquées pour des joueurs suisses»
Raffaele Poli

«Le club auquel il appartient a bien plus d’influence. D’ailleurs, pour le top 5 helvétique, on parle de sommes rarement évoquées pour des joueurs suisses. Akanji, pour le CIES, est à près de 80 millions. Il fait partie des dix meilleurs défenseurs centraux les mieux valorisés. On ne peut pas prétendre qu’il est sous-évalué.» Raffaele Poli cite encore d’autres joueurs, à l’instar de «Gregor Kobel, avec 66 millions, très bien coté. Zeki Amdouni est valorisé à 32 millions alors qu’il n’a pas fait une saison incroyable. Granit Xhaka est à 31 millions alors qu’il a plus de 30 ans. Dan Ndoye est estimé à 26 millions.»

3. La cote des Suisses peut grimper

Cela étant, tout n’est pas perdu pour les joueurs helvétiques. Si la valeur des joueurs britanniques ne risque pas de souffrir d’un Euro décevant, leurs performances en club étant bien plus importantes, celle des hommes de Murat Yakin a probablement déjà grimpé et pourrait prendre encore plus de hauteur en cas d’exploit face à l’Angleterre. «C’est déjà le cas pour certains», acquiesce Raffaele Poli. «Si je prends Ruben Vargas, encore assez jeune et pas encore dans un top club, il a une marge de progression parce que le prix dépend aussi de l’acheteur. Il est estimé à environ 8 millions mais, si grâce à l’Euro, un grand club s’intéresse à lui, il sera prêt à débourser jusqu’au double ou presque pour le recruter.»

4. La valeur financière ne dit pas tout

En conclusion, dans un poste similaire, Declan Rice vaut aujourd’hui six fois plus que Granit Xhaka parce qu’il est plus jeune et qu’il joue à Arsenal. En pratique et en termes de performances sportives, les deux sont très proches. C’est la raison pour laquelle, sur le terrain, la Suisse pourra regarder l’Angleterre droit dans les yeux.

5. Ces Suisses bien cotés qui ne jouent pas

Preuve que les montants en jeu ne disent pas tout, cinq des dix joueurs suisses les plus cotés ne sont pas titulaires durant l’Euro. Pire encore. Quatre d’entre eux n’ont pas encore disputé la moindre minute de jeu: Kobel (40 millions), Zakaria (25), Okafor (20) et Elvedi (10). Seul Zeki Amdouni (12 millions), rentré trois fois en fin de match, a obtenu 51 minutes de jeu depuis le début de la compétition.

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