Président et convoyeur de trophée
Il revient à Benoît Spicher de remettre la coupe au champion. Ou se postera-t-il ce soir: Ueberstorf ou Ursy?
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Pierre Schouwey
9 juin 2023 à 04:01
Football » Ce n’était plus arrivé depuis 2010, et le sacre de Gumefens/Sorens au détriment de Farvagny/Ogoz. Pour la première fois depuis 13 ans, le champion fribourgeois ne sera pas connu au coup d’envoi de l’ultime journée d’une saison de 2e ligue indécise à tous les niveaux (lire ci-dessous). Renversé par Siviriez le week-end passé (4-1), Ueberstorf a galvaudé une première balle de titre. La deuxième est à transformer ce soir devant ses fidèles supporters, contre Châtonnaye/Middes. Un point peut suffire au bonheur des Singinois, qui devancent de deux unités Ursy en plus de posséder un très léger meilleur coefficient fair-play – qui fait foi en cas d’égalité de points. La donne est simple pour les hommes de Joël Corminbœuf: ils doivent impérativement remporter le derby glânois les opposant à Siviriez, tout en espérant une défaite du leader.
Elle l’est moins pour Benoît Spicher. De par sa fonction, le président de l’Association fribourgeoise de football (AFF) est préposé à la livraison des deux trophées – l’original, qui passe de mains en mains, et une pièce unique destinée à l’armoire du club – au champion aussitôt la fin de la rencontre sifflée. La grande question de ce 9 juin 2023: où se trouvera-t-il sur les coups de 22 h? Peut-être à mi-chemin entre deux villages parmi les plus éloignés géographiquement du canton. «Il faut 49 minutes de voiture pour aller d’un point à l’autre», constate le Giblousien après avoir calculé l’itinéraire sur son téléphone. «Difficile de faire plus dans les extrêmes. Si Ursy mène à la pause et Ueberstorf peine, il faudra gentiment penser à mettre le cap sur le sud», poursuit-il.
Logique géosportive
En attendant de savoir dans quelle buvette et dans quel dialecte il terminera la soirée, Benoît Spicher la lancera en Singine. Et pas seulement parce qu’il croit en la capacité du «FCÜ» de conclure l’affaire. «Je suis invité en fin d’après-midi aux 75 ans du FC Bösingen. En principe, je me rendrai à Ueberstorf pour le coup d’envoi, tout en restant prêt à bouger si nécessaire.»
Inédite pour lui en 2e ligue, cette situation est beaucoup moins inhabituelle à l’échelon inférieur. «Les finales de promotion de 3e ligue sont souvent incertaines jusqu’au bout, de sorte qu’il est parfois nécessaire d’attendre la toute fin du dernier match pour connaître l’identité du champion», rappelle le professeur retraité, qui en a fait l’expérience dès sa première année de présidence, en 2015. «Matran et Haute-Gruyère pouvaient encore être sacrés. A la mi-temps, Matran était tenu en échec chez lui tandis que Haute-Gruyère menait 1-3 à Bösingen, que j’ai rejoint sans attendre. Sauf que le temps d’y arriver, Bösingen avait retourné la situation… Matran a dû attendre une petite demi-heure avant de recevoir le trophée.» Et le convoyeur, accompagné de son épouse, de jurer que jamais il ne commettrait un excès de vitesse: «De toute façon, les équipes championnes ne sont jamais à une minute ou une bière près!»
Au plus proche de l’action
Passé de gardien de but à gardien de la coupe, Benoît Spicher pourrait se faciliter la vie en se plantant à Cottens, plus ou moins à équidistance du premier du classement et de son dauphin, en attendant les nouvelles du front. «Ce n’est pas mon style, dit-il. J’ai envie d’être dans le feu de l’action et de voir du foot, quitte à ce que le délai soit un poil plus long. Aussi, de nos jours, la technologie permet d’être bien informé. Ce n’est plus comme à l’époque, où il fallait presque allumer des signaux de fumée pour communiquer», plaisante-t-il.
Prédécesseur de Benoît Spicher, Bernard Sansonnens avait, lui, coutume de patienter à son domicile de Châtonnaye ou dans les bureaux de l’AFF jusqu’à ce que les choses se décantent. «Une année, le titre de 3e ligue se jouait entre Léchelles et Ueberstorf. Il m’avait été signalé que Léchelles était bien parti pour l’emporter. Sauf qu’en arrivant dans la Broye, j’ai reçu un autre téléphone venant d’Ueberstorf, qui passait devant (grâce à la différence de buts, ndlr). En débarquant là-bas, très en retard forcément, les joueurs avaient déjà bien festoyé. J’avais à peine eu le temps de sortir de ma voiture qu’ils étaient venus à ma rencontre pour me prendre la coupe des mains et commencer le tour d’honneur. C’était le protocole le plus rapide de ma vie!»
Ursy est prévenu. S’il parvient à déjouer les statistiques jusqu’au bout, il lui faudra s’armer de patience avant de brandir son dû.
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