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Cyclisme

La troisième tentative fut la bonne

Marc Hirschi a remporté la 12e étape à Sarran Corrèze après être sorti du peloton à 28 km de l’arrivée


 Christophe Spahr

Christophe Spahr

11 septembre 2020 à 04:01

Cyclisme » Quel numéro, encore! A Nice, Marc Hirschi avait pris rendez-vous avec l’avenir. Dans les Pyrénées, il avait marqué les esprits. Et à Sarran Corrèze, au terme d’une étape accidentée, le Bernois a mis tout le peloton dans sa poche. Trois attaques, deux «échecs» et un succès que le milieu du vélo, adversaires compris, a applaudi des deux mains. «C’était le plus fort», lâche Julian Alaphilippe, l’un des plus actifs dans le groupe de contre-attaque avant de se relâcher dans le final. «Il ne s’est pas posé la moindre question. Sa victoire est méritée.»

«A cinq-six kilomètres de l’arrivée, on a compris qu’on ne reviendrait plus», relève Pierre Rolland, deuxième de l’étape. «Je n’ai pas le moindre regret. Marc Hirschi était tout simplement le plus fort.»

Qualités de grimpeur

Dans les Pyrénées, le petit prodige du cyclisme suisse, 22 ans, avait effectué un contre-la-montre individuel de quelque 90 km. Dans le massif central, il a remis ça. En sortant du groupe des favoris à 28,2 km de la ligne, en contrant Marc Soler et en le déposant dans la bosse, il a confirmé ses qualités de grimpeur. A partir de là, au prix d’une descente de nouveau époustouflante et d’une portion en plaine où il n’a rien perdu, Marc Hirschi avait course gagnée. «Moi, je n’ai pas voulu y penser jusqu’au moment de franchir la ligne, sourit-il. J’avais encore en tête les images de Laruns, lorsque je me suis fait reprendre à 1,7 km de l’arrivée. J’avais déjà tutoyé deux fois la victoire. Paradoxalement, ces deux premiers échecs m’ont procuré une grosse confiance. Sans ça, je n’aurais peut-être pas osé y aller dans cette côte. Maintenant, j’ai de la peine à réaliser et à décrire ce que je ressens. Une première victoire professionnelle, sur le Tour de France, il n’y a rien de mieux.»

A la limite, Marc Hirschi était déçu de ne pas avoir pris l’échappée plus tôt. «C’était le plan initial», confirme-t-il. Le Bernois et ses coéquipiers ont donc dû s’adapter. Et c’est au pied de la vraie difficulté du jour, le suc au May, 4,8 km d’ascension, qu’il a produit son effort. «J’ai senti que c’était le bon moment. En fait, j’ai suivi mon feeling. J’ai l’impression de vivre un rêve.» Matt Winston, le coach du team Sunweb, apprécie «la performance collective, ses coéquipiers qui ont bloqué les contres derrière lui. Mais à la fin, Marc Hirschi s’est débrouillé tout seul pour finir le travail.»

«Impressionnant»

«Qu’il ait réussi à contrer derrière Marc Soler, un sacré client, revenir sur lui aussi facilement et le lâcher, c’est réellement impressionnant», apprécie Antoine Debons, son ex-coéquipier durant trois ans chez Roth. «Là où il m’a vraiment bluffé, c’est dans l’ascension. Il a pris du temps sur tout le monde, il a augmenté encore les écarts dans la descente. Au début, c’était assez chaud. J’ai eu peur qu’il ne s’emballe un peu mais il sait ce qu’il fait. Finalement, c’est très propre. Et sur le plat, il a géré son avance. Il sait vraiment tout faire. J’adore son panache.»

En même temps, il n’est pas trop surpris par les qualités de grimpeur du Bernois. «Quand il était junior, il grimpait très bien. Mais il était alors extrêmement léger. Ensuite, il s’est un peu épaissi. Il s’est spécialisé dans les classiques mais il n’a rien perdu dans les ascensions. Je ne pensais quand même pas qu’il pouvait aller aussi vite dans les bosses. J’ai analysé les watts dans l’étape des Pyrénées où il a roulé tout seul durant 90 km. Il est monté plus vite que tout le monde.»

Le nouvelliste

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