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L’apprentissage du VTT en famille

A Vuadens, Nicolas et Stéphanie Fragnière veillent activement sur la carrière de leurs deux filles

Charline (à gauche) et Fantine Fragnière peuvent compter sur le soutien de leurs parents, qui ne sont jamais très loin d’elles.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

3 septembre 2020 à 04:01

Communes et sport » «J’étais en première primaire quand notre prof de classe est arrivée avec un formulaire d’inscription pour le SAB (Sporting athlétisme Bulle, ndlr). Toute folle, j’ai déboulé à la maison en disant: papa, maman, je veux faire le SAB! Ils m’ont répondu: très bien, mais tu sais que c’est la course à pied? Du coup, je n’ai plus voulu faire le SAB. Nous avons ouvert internet, tapé les mots «club», «sport» puis «Bulle» sur un moteur de recherche et sommes tombés sur un club de vélo. Le vendredi suivant, je m’inscrivais à la Pédale bulloise (PB) et, quinze ans plus tard, je suis toujours aussi mordue.»

A quoi tient un destin? A un tous-ménages comme on en distribue des milliers lors des rentrées scolaires. Celui de Charline Fragnière, 22 ans, qui porte aujourd’hui le maillot du Team Menoud Bike, est tout tracé: elle sera championne de VTT. Et si elle ne devait jamais couper la ligne d’arrivée, tant pis: au moins, elle aura essayé. Avec une quinzaine de départs en Coupe du monde U23 à son actif, la citoyenne de Vuadens, terreau de vététistes s’il en est (lire ci-après), a déjà mis un pied dans le monde professionnel. Mais ne croyez pas que Charline s’accroche seule à son guidon. Avec elle, c’est la famille Fragnière tout entière qui a sauté dans sa roue. De Nicolas, le papa chef de chœur qui a dû s’improviser «mécano», à Stéphanie, la maman conductrice de camping-car, en passant par Fantine, 16 ans, la p’tite dernière un peu casse-cou qui vient d’être sacrée championne fribourgeoise chez les moins de 17 ans.

Cyclocross et piste

La smala Fragnière ne serait pas au complet sans Mathilde, 20 ans, la seule des trois filles à ne pas avoir succombé au virus de la compétition. «Mais elle est toujours la première à nous souhaiter bonne chance», précise l’aînée. «Elle s’intéresse à nos résultats», abonde Fantine. «En voyant ce que demande le sport de haut niveau, où tout est pesé, minuté, calculé, je peux comprendre qu’on puisse ne pas avoir envie de consentir à autant de sacrifices», ajoute papa.

Les sacrifices. Nicolas Fragnière et son épouse sont bien placés pour en parler, eux qui veillent activement à la carrière de leurs enfants, jusqu’à les accompagner sur toutes les courses. A l’étranger aussi. L’été n’est pas encore terminé qu’ils ont déjà planifié la saison hivernale. Une fois que son épaule gauche, luxée il y a deux semaines après une mauvaise chute, sera rétablie, Charline se consacrera au cyclocross, discipline qui flatte la puissance intrinsèque de ses mollets. Papa sera le plus souvent à ses côtés. Quant à Fantine, elle se frottera à la piste. Avec maman sous le même toit.

Les rôles sont clairs, les idées aussi: tous pour tous et vaille que vaille! Car les débuts furent chaotiques. Mais comment aurait-il pu en être autrement quand, comme chez les Fragnière, on a appris «sur le tas»? Eclat de rire général à l’évocation de la première Coupe de Suisse à laquelle Charline a participé. «C’était à Davos et nous avions dormi sous tente. Sous tente!» s’exclame-t-elle, avant que sa mère n’en rajoute une couche: «En zone tech’ (pour zone technique, ndlr), nous n’avions pas de roue ni même de chambre à air de rechange.» Sur le parcours, pas de miracle. «Nous avons vu passer le peloton puis, trois minutes plus tard, nous avons vu passer Charline», rigole le paterfamilias. Et de prendre un ton plus solennel, tel le toujours très attendu Ranz des vaches qu’il a dirigé lors de la dernière Fête des vignerons: «Tu as fini loin, très loin même. Tu aurais pu dire stop, je n’en veux plus. Au contraire, ça t’a piquée dans ton orgueil et tu as aussitôt cherché à t’améliorer techniquement.»

Assise comme les autres autour de la table de la salle à manger, Fantine écoute en silence. La benjamine n’a pas connu les mêmes galères, ou seulement quelques aléas avec le camping-car, «souvent plus large que les routes de montagne qu’il emprunte», sourit-elle, consciente d’avoir bénéficié de l’expérience emmagasinée pour son aînée. Car un Fragnière, c’est bien connu, ne commet pas deux fois la même erreur. Déceptions et coups de gueule ont soudé la tribu et forgé son caractère. Plus que jamais, l’aventure continue. Où les emmènera-t-elle? «A quelque part, on s’en fiche, souffle papa. Pourvu que les filles vivent leur rêve jusqu’au bout.»

La Liberté passe sous la loupe sportive les 133 communes fribourgeoises. Quelles activités? Quels hauts faits? Quels talents? Quelles belles histoires ou revers de fortune? Autant de pistes explorées par nos journalistes de la rubrique sportive. L’ordre de publication de cette série quotidienne est déterminé de manière aléatoire.

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