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L'abbé Guy Oberson mène une vie à la rencontre des autres

Un livre retrace le parcours atypique du Gruérien Guy Oberson, prêtre, aumônier et grand sportif

L'Abbé Guy Oberson raconte dans un livre le parcours de sa vie. L'Abbé dans son jardin avec vue imprenable sur le Moléson. Photo: Lib / Aldo Ellena, Epagny, 20.09.2022ALDO ELLENA/Aldo Ellena

Claire Pasquier

Claire Pasquier

23 septembre 2022 à 16:10

Temps de lecture : 1 min

Portrait » Il avoue avoir été sceptique avant la première rencontre avec la sociologue Laurence Marti. «Pourquoi moi plutôt qu’un autre?», s’interroge alors l’abbé Guy Oberson. «Une fois en route, j’ai compris qu’il pouvait y avoir de l’intérêt», confie l’octogénaire dont le parcours inhabituel est richement détaillé dans le récit de vie intitulé Guy Oberson, un prêtre en chemin. Sorti ce mois, le livre a été commandé par la Pastorale du Monde du travail romande, dans laquelle il a œuvré de nombreuses années.

«Je devais être de retour pour les Vêpres à 16 h 30»
Guy Oberson

Alors qu’il nous accueille à la ferme de Bouleyres, située entre Broc et Epagny, l’abbé Guy comme beaucoup l’appellent partage des anecdotes de son enfance. Comment très vite, il prend goût au football, au pensionnat Saint-Charles de Romont déjà puis au Collège Saint-Michel et lors de son séminaire. Guy Oberson est le premier séminariste à demander à être libéré pour aller jouer les matchs du FC Gruyères le dimanche. «Je devais être de retour pour les Vêpres à 16 h 30», se souvient-il. Le ski et l’alpinisme revêtent aussi une grande importance dans la vie de ce curé pas comme les autres. En 2003, il reçoit même le Prix du Mérite, décerné par la Commission du mérite sportif fribourgeois, pour ses loyaux services comme entraîneur dans le sport gruérien.

Proche des travailleurs

1938

Naissance à Epagny

1955-1959

Collège Saint-Michel

1959-1964

Séminaire diocésain à Fribourg et ordination en 1964

1964-1967

Vicaire à Bulle

1967-1996

Aumônier cantonal puis romand pour la Jeunesse ouvrière catholique et l’Action catholique ouvrière

1986-1996

Formateur au séminaire diocésain

1997-2005

Curé de la paroisse de Renens

Depuis 1978

Membre de la Pastorale du monde du travail

Depuis 2005

Auxiliaire à l’Unité pastorale Notre-Dame de l’Evi

L’appel pour la prêtrise lui vient à l’école primaire. «Mais ce n’était pas fait d’avance, j’ai eu des doutes et encore en tant que séminariste.» Des doutes qui se sont dissipés une fois sur le terrain. Le Gruérien travaille alors quelques années à Bulle puis est appelé à servir la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) et l’Action catholique ouvrière (ACO) en tant qu’aumônier. «Ces collectifs de l’Eglise ont senti le besoin de s’organiser pour développer des actions en direction du monde du travail, qui est fascinant.»

Au fil des années, le curé n’a pas peur de montrer son soutien aux travailleurs, notamment lors de la manifestation contre la fermeture de la Brasserie Cardinal à Fribourg en 1996. Aujourd’hui, il «garde l’espérance» que l’Eglise continue de s’engager dans le monde du travail, mais remarque que celle-ci est en retrait et «n’est plus combattante». «Elle se referme, elle ne prend pas de risques.»

Guy Oberson appréhende différemment les paroissiens. Lui qui a toujours eu à coeur «d’aller vers» plutôt que de «faire venir». «C’est ce que j’ai fait avec le sport. Il faut d’abord aller avec les gens, faire ce qu’ils font pour les comprendre.» Avec son autel portatif, le curé a donné des messes dans des lieux insolites, souvent en montagne, lors de camps de ski ou de varappe ou dans les buts de football du tournoi Sekulic. «C’est vrai que j’ai abordé des activités qui ne sont pas typiques de celles d’un prêtre, mais être parmi les hommes, parmi l’humanité, c’est comme ça que je vis ma prêtrise.»

«J’ai eu des doutes encore en tant que séminariste»
Guy Oberson

En lisant l’Evangile, Guy Oberson observe d’ailleurs que Jésus est toujours en marche et que c’est durant ces marches qu’il rencontre du monde. Un précepte qu’il applique encore aujourd’hui. «Ce matin, je suis allé à la cure de Gruyères à pied. J’ai rencontré un tas de gens avec qui j’ai discuté plus ou moins longuement.»

Durant sa longue carrière, Guy Oberson est également allé vers ceux qui ne lui ressemblent pas. Le prêtre a travaillé durant huit ans comme curé de la paroisse catholique de Renens. Un travail dont personne ne voulait. Là-bas, Guy Oberson se rapproche des communautés africaines, organise des réunions avec elles et se lie également à la communauté musulmane. «J’étais dans l’élément que je voulais privilégier. C’était toujours le monde ouvrier, mais avec cette grande diversité de provenances et une dimension très interculturelle», confie-t-il dans le livre.

Octogénaire occupé

Aujourd’hui, le prêtre est encore très sollicité. Nombreux sont les anciens joueurs de football et autres sportifs gruériens à faire appel à lui pour célébrer mariages et baptêmes. «Tant que je peux, je dis oui!» A cela s’ajoute un programme de messes bien chargé dans l’unité pastorale qui l’a vu naître. Durant son temps libre, l’homme de 84 ans continue de s’activer, comme si de rien. Cet été, il a encore gravi le Vanil Carré avec un cousin. «Il fallait quand même faire attention sur l’arête sommitale. Mais il a été étonné de la vitesse à laquelle je suis descendu», conte-t-il non sans une pointe de fierté.

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