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Canton

Une réforme plus contestée que prévu

La nouvelle fiscalité des entreprises est acceptée par 55,8% des votants. Une victoire modeste


 Magalie Goumaz

Magalie Goumaz

1 juillet 2019 à 02:57

Analyse » Avec 55,8% de oui, le triomphe est modeste pour les partisans de la réforme fiscale et la défaite plus qu’honorable pour ses opposants. Car tout plaidait pour un écart bien plus large.

Les référendaires sont partis au combat à la dernière minute, la fleur au fusil, pour contrer la baisse envisagée du taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises. A la manœuvre: le groupe Attac-Fribourg, soutenu par les syndicats, les Verts, les milieux de gauche, ainsi que les jeunes et les seniors du PS. Ils ont réuni les signatures nécessaires pour provoquer une votation populaire sur le sujet, mais ils se sont aussi retrouvés face à une coalition organisée comme une machine de guerre, composée du Conseil d’Etat, des partis de droite et des milieux économiques.

Avec peu de moyens et de forces vives pour faire campagne, les référendaires ont encore rencontré d’autres obstacles. Divisé, le Parti socialiste a rejoint le mouvement sur le tard et sans conviction. Les syndicats ont mis leur force sur les ouvertures des commerces. Le 19 mai dernier, la nette acceptation, avec 68,4% des voix à Fribourg, de la loi fédérale a aussi démoralisé les troupes.

Guère de suspense

Et pourtant! Même s’il n’y a guère eu de suspense hier à l’Hôtel cantonal, le pot de terre a résisté face au pot de fer. Représentant d’Attac-Fribourg, Pierre Duffour se montre ainsi satisfait: «Etant donné le rapport de force, on nous disait que nous allions nous ridiculiser. Ce n’est pas le cas. Nous avons formé un socle solide, qui va rester vigilant au moment où apparaîtront les premiers effets de cette réforme», déclare-t-il.

Dans le détail, les référendaires ont eu le soutien de nombreuses communes germanophones. «Parce que les citoyens ont été davantage marqués par le refus de la réforme fiscale cantonale à Berne, et par des effets négatifs sur les prestations dans le canton de Lucerne», explique Paul Stulz, un des fers de lance des référendaires, lesquels ont également marqué des points dans certaines petites communes où des pertes fiscales sont attendues.

Directrice de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg, Chantal Robin ajoute que le vote sur les commerces a mobilisé la gauche, «tandis que sur la réforme fiscale, certains se sont dit qu’ils avaient déjà voté en mai. Ils se sont peut-être démobilisés dans l’idée que l’acceptation était acquise», analyse-t-elle. Le taux de participation va dans son sens: 26,2%!

Un signal

«Même si nous avons perdu, ce score nous renforce, réagit Virginie Burri, du Syndicat des services publics (SSP). Il montre qu’une partie de la population comprend notre discours et en a marre des démantèlements dans le service public. Ce signal est très important pour les prochaines batailles.» Président du PS fribourgeois, Benoît Piller ne dit pas autre chose. «Ce score est un signal adressé au Conseil d’Etat pour qu’il n’y ait pas de péjoration dans les prestations», déclare-t-il.

Conseiller d’Etat et directeur des Finances, Georges Godel tente d’expliquer qu’il s’agit néanmoins «d’un magnifique résultat», proche de celui qu’il avait prédit. Chef du groupe PDC au Grand Conseil, Hubert Dafflon est plus nuancé. «Etant donné notre force de frappe, il n’y a pas de quoi fanfaronner. Et nous ne pouvons pas être satisfaits si nous comparons ce résultat à celui de la votation fédérale», dit-il. Le député de Grolley estime que ce score sonne comme un avertissement. «Il faut que ce qu’on a dit durant la campagne se vérifie. Ce qui signifie: pas de coupes dans les prestations de l’Etat et un effet dynamisant pour l’économie du canton», conclut-il.

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