La fourmi qui soigne ses copines
Le biologiste Erik T. Frank étudie les Matabele. Il en a tiré un ouvrage, qui se lit comme un roman
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Tamara Bongard
2 novembre 2020 à 13:19
Sciences » Il y a cet étonnement, évidemment, de découvrir que des insectes soignent leurs congénères. Puis les questions affluent dans la tête du lecteur. Pourquoi et comment font-ils? Qui décide de secourir les blessés? Comment communiquent-ils entre eux? Mais c’est également cette plongée dans le quotidien d’un scientifique de terrain qui interpelle au fil des pages de Combattre, sauver, soigner. Une histoire de fourmis, écrit par le biologiste Erik T. Frank. Le post-doctorant à l’Université de Lausanne raconte dans cet ouvrage, qui se lit comme un roman, ses découvertes en Côte d’Ivoire mais aussi tout ce que doit gérer un homme avant de pouvoir «simplement» observer les fourmis Matabele, ces petits animaux si particuliers.
Le livre, qui vient de paraître, est une traduction: le texte original était en anglais, idiome de la recherche par excellence. Erik T. Frank parle fort bien le français – sa quatrième langue tout de même – mais son épouse, Camille Lavoix, une ancienne journaliste, a aidé à trouver les mots justes et a endossé le rôle d’éditrice. «En cette période où beaucoup de gens mettent en doute la science, il faut montrer la réalité d’un chercheur pour redonner confiance», explique-t-elle. Raconter donc qu’un scientifique est un homme normal, qui boit son café le matin, doit réaliser un travail de bénédictin (ou de fourmi dans le cas précis) avant d’aboutir à un résultat étayé par des faits.
Comme un serpent
Erik T. Frank est ainsi parti dans le Parc national de la Comoé, dans un pays au sortir d’une guerre civile. Au milieu de rien, sans beaucoup d’électricité, sans réseau téléphonique, avec très peu de liens avec l’extérieur. Le sujet de son étude: les fourmis Matabele, qu’il a passé des heures, allongé sur le sol, à scruter. Pour les non-initiés qui ne sauraient les distinguer des 16 000 sortes de formicidés, il y a un truc imparable: elles vivent en Afrique subsaharienne et, lors des raids pour attaquer les termites dont elles se nourrissent, elles se déplacent en une énorme colonne ressemblant à un grand serpent noir. Si un doute subsistait, il suffirait de leur souffler dessus pour qu’elles répliquent par un cri bien particulier.
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