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Les puffs. Epidémie goût myrtille

Les cigarettes électroniques jetables (puffs) sont à la mode. Les jeunes se les arrachent et ce, jusque dans les cours d’école. Quels en sont les risques?


Zénon Brügger

Zénon Brügger

15 juillet 2023 à 17:13

Temps de lecture : 1 min

Santé» Commercialisée en Suisse depuis 2020, les puffs, des cigarettes électroniques jetables aux arômes sucrés se vendent comme des petits pains. Pourtant légalement interdites aux mineurs, elles se sont frayé un chemin jusque dans les sacs d’école des élèves des Cycles d’orientation et même des écoles primaires.

«Autour de moi, tout le monde en fume en soirée. J’en fumais occasionnellement et je m’y suis progressivement mise avec un modèle réutilisable», confie Emma*, 19 ans. La mode des puffs est d’autant plus attrayante qu’elles sont discrètes: «L’odeur ne reste pas sur les vêtements contrairement à la cigarette, je fume dans ma chambre et mes parents ne le savent même pas…» ironise Emma.

«L’odeur ne reste pas sur les vêtements contrairement à la cigarette.»
Emma*

De leur côté, les enseignants peinent à savoir comment réagir. Karine Léderrey, 26 ans, enseignante à Fribourg explique: «Quand des élèves se font pincer, c’est généralement en dehors de l’école et des heures scolaires. Si on doit prévenir les parents, doit-on aussi les appeler si on voit leurs enfants fumer dans la rue pendant le week-end? C’est sans fin!»

Les puffs sont jolies, ont bon goût et s’achètent en ligne pour une dizaine de francs, mais en mesure-t-on bien les dangers? Professeur à l’Université de Zurich et pneumologue au Kinderspital de Zurich, Alexander Möller met en garde: «Il n’est pas vrai, comme on peut l’entendre, que ces appareils fonctionnent sans combustion» corrige-t-il. «Les appareils dits Heat-not-burn (chauffer sans brûler) nécessitent quand-même de chauffer le tabac à plus de 350° C. L’industrie du tabac ment.» En outre, leur composition reste méconnue: «Les arômes qu’elles contiennent ne sont pas dangereux si on les mange, mais on ne sait pas ce qu’il en est si on les fume.»

Forte teneur en nicotine

Le risque fondamental de la puff est lié à sa haute teneur en nicotine, qui stimule des récepteurs du cerveau liés au système de la récompense. Problème: «Ces régions cérébrales sont en plein développement à l’adolescence. On observe à long terme une vraie causalité sur les comportements addictifs, plus grave que l’alcool, le cannabis ou la cocaïne!» explique Alexander Möller.

Les cigarettes électroniques auraient-elles au moins l’intérêt de permettre d’arrêter la cigarette? «On l’ignore souvent, mais les puffs ont été conçues par l’industrie du tabac en réaction à la campagne mondiale antifumée dans le seul but de prolonger la consommation de nicotine. En réalité, l’addiction aux puffs conduit à la consommation de cigarettes, les études le montrent.»

« L’addiction aux puffs conduit à la consommation de cigarettes, les études le montrent.  »

Que faire alors, pour lutter contre cette épidémie? «Il faudrait que la loi soit appliquée telle qu’elle est écrite: que la publicité soit véritablement interdite, y compris sur les réseaux sociaux et sur Internet, suggère le professeur Möller. Reste à savoir si la réponse politique sera à la hauteur du problème.»


*Prénom d’emprunt

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