9 mars 2020 à 02:01
Société » Issu du sentiment de discrimination ressenti par certaines personnes blanches, le terme «racisme anti-Blancs» fait polémique.
Dénonçant un phénomène qu’elle juge discriminant, l’Organisation de lutte contre le racisme anti-Blancs (OLRA) évoque un racisme dirigé contre les personnes blanches: «Des mots comme babtou fragile, blanc-bec ou blanc d’œuf sont des termes racistes dirigés envers les Blancs», estime-t-elle.
Le concept de racisme anti-Blancs fait polémique, notamment pour Fayiza Akanda Cissé, 25 ans, activiste fribourgeoise originaire de Côte d’Ivoire et du Nigeria: «Pour ce genre de cas, on peut certes parler de discriminations raciales de la part d’individus, ce qui est incontestablement un acte grave, mais sûrement pas de racisme systémique», affirme-t-elle. Selon la jeune femme, le racisme peut uniquement être déclaré lorsque celui-ci est généralisé: «Le racisme systémique est un fait de société, c’est-à-dire qu’il implique l’ensemble du système et est renforcé par les institutions. C’est pourquoi les discriminations raciales perpétrées envers les personnes blanches n’ont rien à voir avec le racisme généralisé dirigé contre les minorités ethniques non blanches.»
Laurent de Béchade, cofondateur de l’OLRA, estime que la distinction entre discrimination raciale et racisme systémique a pour but de marginaliser le racisme anti-Blancs: «Il ne faut pas écouter les détracteurs qui essaient de rationaliser le racisme anti-Blancs», préconise-t-il avant d’ajouter: «Cette idée que le racisme provient uniquement du privilège que les Blancs auraient par rapport aux Noirs ne fait que minimiser ce phénomène de masse bien caché qu’est le racisme anti-Blancs.»
Fayiza Akanda Cissé évoque une distinction de degré entre les deux phénomènes: «Il y a une différence de mesure entre les discriminations ponctuelles subies par les personnes blanches et celles subies quotidiennement par les personnes noires. Quand on est Noir, on subit quasiment tous les jours des comportements racistes sur la base de notre couleur de peau.» La jeune activiste affirme que la crainte d’une montée de racisme anti-Blancs systémique n’a pas lieu d’être: «Je pense que cette peur provient du fait qu’on imagine toujours le pire quand on risque de perdre ses privilèges.» Patrick Yerly
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