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Société

Un cœur d’or vibrant pour le métal

Ancien meilleur apprenti de Suisse romande, Florian Golliard est devenu patron à 25 ans

L'invité du lundi : Florian Golliard est constructeur métallique, joueur de hockey semi-pro et fait des poyas en métal.Jean-Baptiste Morel

Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

6 janvier 2024 à 13:35

Temps de lecture : 1 min

Invité du lundi » Dans la halle de Vuisternens-devant-Romont, des silhouettes s’activent. Aux bruits de métaux se mêlent musique et rires: ces trois-là partagent une belle complicité. Le ballet n’en est que plus précis, parfaitement réglé. Difficile de distinguer de prime abord le patron des ouvriers de l’entreprise de construction métallique Metalis Sàrl. Sa fine silhouette, son air juvénile, cheveux blonds en bataille et sourire de gamin, ajoutent encore à la surprise des clients. Mais tant mieux, vous dira Florian Golliard, 29 ans. Celui qui a créé son entreprise à 25 ans n’est en effet pas homme à se vanter. Cela ne le dérange donc en rien, d’autant que ses employés sont davantage des complices partageant une même passion.

Celle-ci est née au hasard d’un couac de vélomoteur, confié aux soins d’un soudeur. Depuis, elle n’a cessé de grandir. De l’ado bricoleur, Florian est devenu cet artisan «un brin perfectionniste», sacré en 2014 meilleur apprenti en construction métallique de Suisse romande. Et a créé son entreprise il y a 5 ans. Aujourd’hui située dans la zone artisanale, elle a vu le jour à 500 m de là dans… le garage de son père.

Un sacre porteur

Ce dernier y donne des coups de main. Et s’il n’a jamais travaillé dans la branche, il a légué à son fils son côté hyperactif. «Après 45 ans chez Groupe E, il adore bosser ici et on s’entend très bien», relève Florian Golliard, soulignant l’importance qu’ont pour lui les valeurs familiales, dont l’humilité et le respect, qui l’ont forgé.

Il évoque une enfance heureuse dans une famille restée unie. D’ailleurs, lui, ses grands frère et sœur, sa mère – qui a travaillé dans une banque et comme secrétaire dans la construction – habitent tous dans un rayon de 50 m.

Après le CO, Florian Golliard se lance dans des stages, dont mécanicien, son métier de rêve. Et… déchante en 4 jours: «Pas assez de mécanique, trop d’entretien.» Mais alors que l’ado fait de la «mécanique de loisir», maquillant son vélomoteur, il fend le châssis. C’est le déclic: «Je l’ai amené chez un serrurier-soudeur et le voyant à l’œuvre, ça m’a fait tilt! J’ai su que je voulais travailler dans ce domaine.»

Engagé en 2010 chez Brandt SA Métallerie Construction à Bulle, il s’y épanouit. Et est sacré meilleur apprenti de Suisse romande. «Je n’avais pas d’attentes et je ne l’ai pas crié sur les toits, mais ça m’a ouvert beaucoup de portes», relate-t-il sobrement.

Ayant toujours soif de nouveaux défis, il part 3 ans en Argovie apprendre la langue. Une expérience riche tant sur le plan personnel que technique: «J’ai été très bien accueilli et ils ont une autre façon de travailler, pointilleuse, une grande discipline.» De retour dans le canton, il travaille chez CMA Constructeurs métalliques, à Matran. Mais s’il s’y plaît, il ne se voit pas y rester 20 ans, animé d’une envie constante d’évoluer et d’avoir plus de responsabilités.

C’est ainsi que celui qui ne pensait pas ouvrir sa boîte un jour se lance en 2019. A ses débuts, il réinvestit tout ce qu’il gagne dans les machines coûteuses. Ses parents l’épaulent entre autres financièrement.

Aujourd’hui, si l’entreprise roule, c’est aussi grâce à leur appui, à celui de «ses gars», et à la collaboration avec d’autres entreprises du canton, relève-t-il, appréciant le côté modulable d’une boîte à laquelle il peut donner la direction qu’il souhaite.

Du balcon aux poyas

Se remémorant sa première mission où il doit poser sans casse un verre de 250 kg, le patron dit éprouver encore une appréhension, mais constructive. Et l’enfant «bordélique» a fait du chemin, rit celui qui est aujourd’hui bien mieux organisé et «crocheur».

Amoureux des éléments, il se ressource aussi sur l’eau – naviguant sur le lac de la Gruyère –, se balade, skie, joue à l’unihockey. Mais avoue, penaud: «Je vais sembler bizarre, mais je préfère éviter le sport pour être sûr d’être en forme au boulot! On peut tout faire en métal et j’aime tout! Je me réjouis tel un enfant de voir les commandes de la semaine.» Ce qui l’anime? «Voir naître quelque chose de la matière brute; d’une simple barre, une barrière, un balcon.» Même hors des heures, il réalise «pour le plaisir, l’expérience, le défi» des décorations: poyas et locomotive – 4 h de travail – découpées au laser; tour Eiffel de 2 m pour le Comptoir de Romont en 2022; ou grils pliables. «Cela représente 10% de mon travail.»

Rester au bureau, très peu pour lui. Il goûte au travail en extérieur, «même si c’est rude lorsqu’il fait –10°C, surtout avec mon gabarit». Apprenti, il n’a pas échappé à quelques remarques, glisse-t-il. Mais pas rancunier, il sait les prendre avec humour et en hyperactif serein, assure n’avoir jamais haussé la voix. «Mais j’ai dû davantage m’imposer car j’avais envie d’apprendre, faire mieux, non pour être supérieur aux autres mais par envie de donner le maximum, de trouver les meilleures solutions.»

Fourmillant toujours d’idées, il rêve aujourd’hui à un projet plus personnel: dessiner sa future maison.

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