L’Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne a chanté la Création de Haydn. notre critique

Musique » Tout commence dans le chaos, tout s’achève avec l’amour et la grâce éperdue: consacré à Joseph Haydn et à sa Schöpfung, le premier des Concerts de l’Avent de Villars-sur-Glâne de l’année 2023 a attiré un public nombreux. Celui-ci a rempli jusqu’au dernier banc et jusqu’au dernier siège l’église paroissiale de la cité.

L’auditoire était souvent connaisseur, plus d’un mélomane ayant interprété cette pièce, célèbre dès sa création à la fin du XVIII^e siècle, dans les rangs d’autres chœurs il y a quelques lustres, entre autres à Monaco du temps de Pierre Kaelin et d’Igor Markevitch. Mais dimanche soir, c’est l’Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne et le Prague Symphonic Ensemble qui ont restitué cet ample oratorio, sous la direction rigoureuse et efficace de Jérôme Kuhn.

C’est avec une ouverture en mode mineur, interprétée tout en velours et marquée par quelques sforzandos bien articulés par la phalange praguoise, que commence le concert de dimanche. Si elle symbolise le chaos, cette première intervention orchestrale s’avère impeccable dans son exécution, allant jusqu’à laisser transparaître une ambiance inquiète qui captive immédiatement l’auditoire: que va-t-il advenir?

Forte tension

A l’aise dans les aigus, dotée d’une voix au grain flatteur dans les graves, la basse Florian Hille s’impose d’emblée comme l’une des figures charismatiques de la soirée. Portant sur ses épaules l’importante responsabilité d’animer l’œuvre à la manière d’un narrateur, l’interprète allemand, familier de la région de Fribourg, a le souci constant de donner à chaque phrase, qu’elle soit dans un air ou dans un récitatif, l’articulation qui lui convient et qui accroche. Toujours vivants et inspirés, ses récitatifs en particulier s’avèrent tantôt éthérés, voire surréels, tantôt vecteurs d’une forte tension dramatique au gré de traits vocaux rapides.