Récit graphique: De l’eau a coulé sur les ponts
Nageant en pleine actualité orageuse, un très bel ouvrage entre peinture expressionniste et enquête documentaire interroge le vivant après la crue.
Thierry Raboud
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La Moesa, sortie de son lit jusqu’à submerger l’autoroute A13, dans les Grisons italiens. La Viège de Zermatt ruant dans les ruelles de la station. Le Rhône léchant furieusement le tablier des ponts qui l’enjambent. L’aéroport de Genève à l’arrêt. Enfin, mardi après-midi, la Morges débordant ses berges avant d’étaler ses boues dans la ville. Nos eaux nous inondent, à la faveur de déferlantes orageuses que le changement climatique rend toujours plus imprévisibles et fréquentes. Ecoute-t-on assez la voix des rivières?
«Une inondation, c’est la rencontre d’une crue avec un enjeu économique, ou humain. C’est un aléa. Il n’y a pas d’inondation dans un paysage naturel. Il y a des crues.» Ce rappel de Daniel Marcovitch, spécialiste en inondations au Ministère français de l’environnement, ouvre Le bruit de l’eau, très bel essai graphique tout juste paru aux Editions Futuropolis, dont la lecture résonne fortement en ces jours post-diluviens.
Paysage défiguréDe fait, c’est un livr