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Goncourt.  «Veiller sur elle», un roman magnifiquement ciselé

Jean-Baptiste Andrea a remporté mardi le célèbre prix littéraire pour Veiller sur elle, un roman épique autour d’un sculpteur italien.

Jean-Baptiste Andrea arrive chez Drouant à Paris, après avoir remporté le Prix Goncourt 2023. © Keystone

Tamara Bongard

Tamara Bongard

7 novembre 2023 à 20:00

Temps de lecture : 1 min

Roman » Comme devant une œuvre de Michel-Ange, chez Jean-Baptiste Andrea, on admire le style, la ciselure, le raffinement, l’humanité, la capacité à donner vie à ce qui ne bouge pas. Le premier était sculpteur, le second écrivain. Ce dernier a remporté hier le Prix Goncourt pour Veiller sur elle, fresque historique et artistique racontée par Mimo, petit Italien au burin agile. La lecture de ce roman de près de 580 pages sorti chez un éditeur indépendant, l’Iconoclaste, ne laissait pas beaucoup de doute sur le sort qui lui serait réservé dans l’impénétrable mercato des prix parisiens. Et tous ceux qui le retrouveront sous le sapin – tel est souvent le destin des romans primés – devraient s’accorder avec Françoise Chandernagor, membre du jury interrogée hier par la presse agglutinée chez Drouant, pour le trouver «prodigieusement romanesque».

Après 14 tours d’un scrutin finalement tranché, comme l’an passé, par la voix présidentielle, il a été préféré à l’événement Triste Tigre de Neige Sinno (lauréat du Femina la veille), au caustique Humus de Gaspard Koenig et au sophistiqué Sarah, Susanne et l’écrivain d’Eric Reinhardt (lire notre édition de samedi), qui restaient en lice et auront profité d’un peu de lumière laissée par l’élégant sculpteur de mots. A noter que le Renaudot a été remis dans la foulée à Ann Scott pour Les insolents.

Brut de décoffrage

C’est sur la pointe des pieds que le lecteur entre dans ce livre goncourisé. Sur son lit de mort, Mimo se souvient de tout et narre son histoire comme s’il dégrossissait un bloc de marbre. Il la taille couche par couche pour ôter tout ce qui est inutile, afin d’en révéler l’essentiel. Il use de formules enlevées, polit ses souvenirs après en avoir montré les aspérités et les bassesses. Il s’appelle donc Michelangelo – sa mère pense qu’il sera sculpteur, comme son père – mais préfère qu’on lui dise «Mimo» pour éviter la comparaison douloureuse avec Buonarroti. Il est petit par la taille; un nain, persifleront certains. Sa mère le voit pourtant grand et beau. Il semblerait qu’elle ait raison, tant le succès finira par rajouter des centimètres au prestige de l’artiste.

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