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Culture

Exposition. Le déménagement vu par Sebastián Dávila

L’artiste s’intéresse à l’histoire coloniale de Puerto Rico dans son œuvre faite de carton, La Mudanza, à voir à l’espace WallStreet de Fribourg.

null © Charly Rappo

Yamile Caceres

Yamile Caceres

21 février 2024 à 02:05

Temps de lecture : 1 min

Sebastián Dávila propose une nouvelle exposition à la fois immersive et intime dans l’espace de création contemporaine WallStreet. Dans l’installation La Mudanza, l’artiste exploite et subvertit un objet anodin, connu de tous, familier au point d’être invisible. Il reprend de grandes boîtes en carton qu’il perce au cutter pour créer de fragiles sculptures qui se superposent en colonnes bancales.

Chacune des boîtes, ornée de motifs décoratifs, perd ici toute sa valeur de contenant pour servir la poétique chaotique de La Mudanza. En effet, cet entrelacs précaire de boîtes mime le désordre du déménagement (mudanza en espagnol) et explore l’étrange mélancolie de cet état transitoire.

Puisant dans sa propre expérience à cheval entre Puerto Rico, les Etats-Unis et la Suisse, le plasticien lausannois utilise ce matériau pour y inscrire une réflexion sur le déménagement en tant que pratique migratoire. D’une ville à l’autre, d’un continent à l’autre, les boîtes reflètent la perte puisqu’il semble impossible d’y faire rentrer l’ensemble de sa vie. Les formes découpées dans le carton, gisant au pied même des sculptures, thématisent «les restes» d’une existence qu’on laisse derrière soi.

Le texte qui accompagne l’exposition, Un montón demasiado grande («une pile trop importante»), de l’auteure d’origine chilienne Cecilia Moya Rivera, fait précisément le récit de cette blessure que l’on éprouve face à tout ce que l’on ne peut emporter. Une nostalgie des «détritus», ces fragments qui demeurent agissants dans la mémoire.

Passé colonial

Au-delà de son propre parcours, Sebastián Dávila inscrit La Mudanza dans une analyse de l’histoire coloniale de Puerto Rico. Il reproduit en taillant dans le carton les dessins que l’on trouve communément dans les marquesinas, ces auvents ou barrières métalliques typiques en Amérique latine. Permettant de délimiter la sphère domestique de la rue, elles dénotent la nécessité d’établir des zones sécuritaires au cœur même d’espaces urbains minés par la précarité et la violence. Ces formes, perçues comme criollas (de l’espagnol criar, élever) dans le sens où elles sont emblématiques des maisons portoricaines, dissimulent pourtant un lourd passé colonial.

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