Andrei Bykov se fait les croisés après 18 minutes. «C’est assez tragicomique»
L’ancien attaquant de Fribourg-Gottéron a dû interrompre prématurément son premier match officiel de football au FC Central. Direction l’hôpital, le genou enflé.
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21 août 2024 à 11:47, mis à jour à 14:07
«Il est où? Il joue?» Certains curieux étaient venus juste pour lui, avec ou sans trempette à la Motta au préalable. Parce que ce n’est pas tous les jours qu’un hockeyeur professionnel aussi connu et aimé dans son canton se reconvertit dans le foot des talus. Il était bien là, Andrei Bykov. Piston du couloir droit, numéro 16 floqué dans le dos, reconnaissable à son envie digne d’un junior au Sekulic. Le premier enchaînement contrôle-passe, après seulement 30 secondes de jeu? Réussi.
Les débuts officiels de l’ancien attaquant de Fribourg-Gottéron au FC Central, qui accueillait Vuisternens/Mézières, pensionnaire de 3e ligue, au premier tour de la Coupe fribourgeoise mardi soir, promettaient. Ils n’ont hélas duré que 18 minutes. L’action du drame est pourtant anodine: servi sur son aile droite, Andrei Bykov repique dans l’axe, poussant le ballon un peu trop loin. La suite, vous pouvez l’imaginer: un geste désespéré pour ne pas perdre la possession dans une zone dangereuse, un adversaire qui met son corps en opposition et le genou gauche qui bloque. La blessure classique du footeux. Ou comme diraient les jeunes, pas toujours avec goût: «Les croisés, tu connais!»
Une première… pour la civière!
A terre de longues minutes, le malheureux quittera le terrain sur une civière d’un autre temps. «Mais jamais utilisée jusqu’à aujourd’hui», précisera un joueur de Central, tout désolé pour la recrue aux 803 matches de National League. Qui s’attendait à tout, sauf à ça. «Carrière de foot terminée après 20 minutes. Bonne soirée.» Message plein d’autodérision – on reconnaît bien là le personnage – posté sur Instagram pendant que deux de ses coéquipiers partaient chercher une paire de béquilles chez la voisine.
C’est le genou enflé et le cœur lourd que le «petit tsar» a pris la direction des urgences dans la voiture de son père, Slava, venu jouer les ambulanciers en Basse-Ville. Une soirée à oublier de A à Z puisque Central, club de 4e ligue, a connu l’élimination contre Vuisternens après prolongation (2-3). «Pendant que j’attendais d’être pris en charge à l’hôpital, un joueur de Cressier a débarqué avec les mêmes séquelles de son match de Coupe. Nous avons eu le temps de discuter un peu. Je lui souhaite un bon rétablissement.»
Au lendemain de sa mésaventure, malgré un premier diagnostic qui laisse penser qu’il souffre d’une déchirure complète des ligaments croisés («j’en saurai plus jeudi matin, il reste un petit espoir que la déchirure ne soit que partielle»), Andrei Bykov n’avait pas perdu sa bonne humeur: «C’est quand même tragicomique, quand j’y repense. C’est triste, mais drôle à la fois. Si un pote s’était blessé après 20 minutes de son tout premier match officiel, j’aurais certainement souri. J’avoue.»
Assurance et rééducation
Il revient sur la seconde d’hésitation qui a mené à sa perte: «Je voulais éviter un turnover, mais j’aurais mieux fait de laisser couler. J’ai tout de suite compris que c’était grave. Mon genou a «claqué» des deux côtés. C’était un peu la panique à bord, car je n’ai jamais connu une blessure de ce type. Dans le feu de l’action, un coéquipier m’a lancé: «Relève-toi!» J’aurais bien aimé, mais c’était tout simplement impossible. D’où la civière. Une première là aussi!»
Pour Andrei Bykov, retraité des patinoires depuis le mois d’avril, c’est sans doute le début d’une longue période de rééducation. «C’est un très beau chemin que celui de la guérison, il ne faut juste pas s’y promener trop régulièrement», image celui qui est passé plus d’une dizaine de fois sur le billard en 20 ans de métier sur la glace. «On faisait la liste avec mon père aux urgences. Je peux vous dire qu’elle est très longue.»
Mais à la différence des dernières fois, il doit se débrouiller tout seul administrativement avec les assurances et tout le tralala. «C’est un peu flippant, mais ça n’est pas plus mal. C’est dans ces moments-là qu’on prend conscience des privilèges qui sont ceux d’un professionnel.»
L’ancien Dragon va jusqu’à parler de «leçon d’humilité»: «Le foot est un sport très physique, on ne peut pas faire n’importe quoi, même à un niveau inférieur.» Le reverra-t-on un jour sur le terrain de la Motta, ou cette entrée en matière désastreuse a-t-elle eu raison de sa passion pour le ballon rond? «Ma priorité, c’est d’être opérationnel à la maison. Notre deuxième enfant sera là dans un mois. C’est encore plus intense qu’un championnat de National League, donc j’espère me remettre rapidement. Disons que le timing n’est pas idéal. La suite, on verra. Attendons déjà le diagnostic…»