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Au temps pour nous

  Notre dossier Magazine de fin d’année, illustré par Silvain Monney Et tout peut recommencer. Alors que l’année 2022 vit ses dernières heures, tous les regards se tournent vers 2023. Les cotillons annoncent des espoirs de changement, les coupes de champagne pétillent de vœux et les feux d’artifice explosent de promesses avant que la réalité ne chasse les bonnes résolutions. En attendant, on tire des bilans et des plans sur la comète. On observe que le temps a passé trop vite ou qu’il a fallu le tuer. Einstein avait probablement raison, il est terriblement relatif. Les plus nostalgiques se souviendront quand il était bon et vieux, les plus optimistes le déclineront au futur supérieur. Pris entre les deux, les adeptes de la maxime Carpe Diem estimeront que le présent est toujours un cadeau. Saisir le temps demande une agilité peu commune: il ne semble jamais suspendre son vol malgré l’injonction de Lamartine. L’homme a tout de même fini par le chronométrer, le faire battre au rythme des aiguilles pour tenter de le contenir. «La première des grandes découvertes a été celle du Temps, cadre de toute expérience vécue. Ce n’est qu’en distinguant mois, semaines et ans, jours et heures, minutes et secondes, que l’homme s’est affranchi de la répétition monotone des cycles naturels», écrit l’historien Daniel Boorstin dans Les Découvreurs, son excellent livre racontant la manière dont l’humain a compris le monde qui l’entoure. Fini les volutes et les spirales, le temps est devenu linéaire. Il garde désormais la ligne, est même devenu atomique. Les artistes, comme les autres pauvres mortels, doivent composer avec lui. Parfois ils imaginent des œuvres qui ne rencontreront leur public que dans un lointain avenir. Parfois ils se lancent à la recherche d’un passé perdu. Ils le peignent à défaut de pouvoir le dépeindre, le remontent pour comprendre de quelle histoire nous sommes faits. Ils le prennent, enfin, pour réfléchir à notre société. Comme le Magazine de La Liberté qui essaie toute l’année d’appréhender notre époque. Aujourd’hui, dans ce cahier spécial de Nouvel-An, un jour où nous remettons les compteurs à zéro, il s’arrête sur les créateurs ayant placé la temporalité au cœur de leur travail. Leur patience donne un nouveau souffle à nous, pauvres participants de cette course contre la montre. Les articles chronophiles de cette édition sont illustrés par les papiers découpés du Fribourgeois Silvain Monney. S’y plonger permettra à vous, fidèles lecteurs, de prendre du temps pour vous, de prendre du temps pour nous. Avant que la vie ne reprenne son tempo. Et que tout recommence. Tamara Bongard

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