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Ukraine. Volodymyr Zelensky presse l'Otan d'inviter l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dévoilé mercredi son "plan de victoire", à l'occasion d'un discours très attendu dans lequel il a exclu toute concession territoriale à la Russie. Il a aussi appelé les Occidentaux à inviter l'Ukraine dans l'Otan.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi les Occidentaux à inviter l'Ukraine à faire partie de l'Otan.KEYSTONE/EPA/ANDREAS GORA / POOL

ATS
AFP

ATS et AFP

16 octobre 2024 à 14:28, mis à jour le 17 octobre 2024 à 10:13

Temps de lecture : 3 min

Ce plan figure à l'agenda de la réunion ministérielle de l'Otan qui débute jeudi à Bruxelles, a annoncé par la suite son secrétaire général Mark Rutte.

La diplomatie russe a elle accusé M. Zelensky de "pousser" les pays de l'Alliance atlantique à "entrer en conflit direct" avec Moscou.

Moscou a balayé les propositions du dirigeant ukrainien visant à obtenir notamment le déploiement de moyens de dissuasion non nucléaire en Ukraine.

"Le seul plan de paix, qui puisse être, c'est la compréhension par le régime de Kiev que sa politique est sans perspective et qu'il est nécessaire de se réveiller", a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Après des mois de préparation en secret et une tournée européenne expresse, M. Zelensky a présenté son plan au Parlement, censé aboutir à une "fin juste et rapide" de la guerre courant 2025. Il rejette l'idée de céder des territoires à Moscou en échange de la paix, malgré un manque critique d'hommes et de ressources.

"La Russie doit perdre la guerre contre l'Ukraine. Il ne peut y avoir de 'gel' (du front). Il ne peut y avoir d'échange concernant le territoire de l'Ukraine ou sa souveraineté", a-t-il martelé.

Kiev et ses alliés doivent "forcer la Russie à participer à un sommet de la paix", a-t-il insisté, en référence à une conférence qu'il aimerait organiser en novembre, mais dont la tenue reste incertaine.

La Russie serait invitée, contrairement à une première édition en juin en Suisse. Pour M. Zelensky, il s'agit de donner à Moscou le choix entre "un processus diplomatique honnête", ou faire face aux moyens de dissuasion militaire qu'aura l'Ukraine grâce à l'Occident.

Annexe secrète

Pour cela, il réclame à ses alliés occidentaux des moyens de dissuasion non nucléaires, la capacité de frapper en profondeur le territoire russe et une invitation à rejoindre l'Otan.

"L'Ukraine propose de déployer sur son territoire un ensemble complet de mesures de dissuasion stratégique non nucléaires, qui sera suffisant pour protéger l'Ukraine de toute menace militaire de la part de la Russie", a-t-il dit mercredi.

Ce point est détaillé dans une "annexe secrète" qui a été présentée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l'Italie et à l'Allemagne.

Il a de nouveau réclamé la levée des "restrictions sur l'utilisation des armes à longue portée sur l'ensemble du territoire ukrainien occupé par la Russie et sur le territoire russe", ainsi que la poursuite de l'aide occidentale pour former et équiper "des brigades de réserve des forces armées ukrainiennes".

Les Occidentaux refusent d'autoriser Kiev à utiliser librement en territoire russe les missiles qu'ils livrent, craignant une escalade, alors que M. Poutine a, lui, brandi plusieurs fois la menace d'un recours à l'arme nucléaire.

"Tout faire" pour la paix

M. Zelensky, qui présentera son plan jeudi à un sommet de l'UE, a aussi demandé d'inviter son pays à rejoindre l'Otan, même si l'adhésion elle-même peut se faire plus tard.

Or, la Russie a déclenché son invasion en février 2022 notamment pour empêcher un rapprochement entre Kiev et l'Alliance atlantique. Elle réclame la reddition de l'Ukraine, sa démilitarisation et cinq régions: Lougansk, Donetsk, Kherson, Zaporijjia en plus de la Crimée annexée en 2014.

A la suite de ce discours et d'une conversation téléphonique Biden-Zelensky, le président américain a annoncé une nouvelle enveloppe d'aide de 425 millions de dollars pour "répondre aux besoins urgents de l'Ukraine".

M. Zelensky a exprimé sa "gratitude" envers le "soutien inébranlable" des Etats-Unis pour ce paquet qui comporte notamment des systèmes de défense antiaérienne, de l'artillerie, des blindés et des munitions.

A contre-courant du discours de M. Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz a lui appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit, y compris en discutant avec Vladimir Poutine, en concertation avec Kiev et les alliés de ce pays.

"Si on nous demande: 'Allons-nous en parler avec le président russe', nous disons 'oui c'est le cas'", a-t-il affirmé devant les députés du Bundestag.

Les forces ukrainiennes reculent depuis des mois dans le Donbass, l'est de l'Ukraine, dont la conquête est la "priorité" de M. Poutine.

Moscou a encore revendiqué mercredi la conquête du village de Nevské dans la région de Lougansk, et celui de Krasniï Yar, à une douzaine de kilomètres de Pokrovsk, noeud stratégique ukrainien que Moscou tente de conquérir.

Le 22 septembre, le président ukrainien avait présenté son plan au président américain Joe Biden. Mais jusqu'ici, les Etats-Unis n'ont fait aucune annonce, notamment sur l'usage des armes à longue portée.

Durant cette visite, Volodymyr Zelensky avait aussi exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à "contraindre la Russie à la paix", après plus de deux ans et demi d'un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.