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Ukraine. Zelensky quitte la Maison Blanche après un affrontement avec Trump

Volodymyr Zelensky a quitté prématurément la Maison Blanche vendredi après un affrontement verbal avec Donald Trump dans le Bureau ovale. Haussant la voix, le président américain a menacé son hôte de "laisser tomber" Kiev s'il ne faisait pas de concession à la Russie.

Volodymyr Zelensky a quitté la Maison blanche de manière prématurée après son clash avec Donald Trump.KEYSTONE/AP/Evan Vucci

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 17:32, mis à jour à 21:07

Temps de lecture : 1 min

"Il pourra revenir quand il sera prêt à la paix", a assené M. Trump dans un message sur son réseau social, un peu avant ce départ précipité. La signature d'un accord sur les minerais, hydrocarbures et infrastructures ukrainiens, pour lequel Volodymyr Zelensky avait fait le déplacement à Washington, n'a pas eu lieu, toute comme une conférence de presse commune.

Le président américain a aussi accusé son homologue ukrainien, venu également chercher le soutien de Washington après trois années de guerre contre la Russie, d'avoir "manqué de respect aux Etats-Unis" dans le Bureau ovale.

Dans une scène d'une tension inouïe, qui a duré de longues minutes et a également impliqué le vice-président JD Vance, les trois dirigeants ont élevé la voix et se sont coupé plusieurs fois la parole.

"Troisième Guerre mondiale"

Donald Trump a notamment reproché à Volodymyr Zelensky de "s'être mis en très mauvaise posture" et lui a lancé qu'il "n'avait pas les cartes en main". Il l'a menacé: "Concluez un accord (avec la Russie) ou nous vous laissons tomber", en jugeant qu'il serait "très difficile" de négocier avec le dirigeant ukrainien.

"Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale (...)", a aussi lâché un Donald Trump en colère. Le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, a accusé Donald Trump et JD Vance de faire "le sale boulot" du président russe Vladimir Poutine.

La visite avait déjà commencé sur une note inconfortable: Donald Trump avait noté lors de l'arrivée de Volodymyr Zelensky, habillé comme à son habitude dans une tenue aux accents militaires, et non en costume-cravate: "Il s'est fait très élégant aujourd'hui". Sans qu'on ne sache s'il s'agissait d'une blague ou d'une critique voilée.

Poutine le "tueur"

Avant que la rencontre ne tourne au pugilat, le chef de l'Etat ukrainien avait assuré que Donald Trump était "du côté" de l'Ukraine. Et le républicain de 78 ans s'était félicité de l'accord "très équitable" sur l'accès aux ressources ukrainiennes qui devait être signé dans la journée.

Cet accord, dont le sort est maintenant suspendu, devait établir un fonds d'investissement commun dans les minerais et hydrocarbures ukrainiens mais ne prévoyait pas de garanties de sécurité pures et dures pour l'Ukraine dans le cadre d'une cessation des hostilités.

Avant que le ton monte, Volodymyr Zelensky avait aussi affirmé qu'il ne fallait pas faire de compromis avec Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "tueur", alors que M. Trump a noté qu'il avait eu "de nombreuses conversations" récemment avec le président russe, dont il s'est rapproché de manière après son retour au pouvoir le 20 janvier.

Une "ordure"

La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a estimé que Donald Trump et JD Vance avaient fait preuve de "retenue" face à M. Zelensky. "Je pense que le plus gros mensonge de Zelensky, parmi tous ses mensonges, est sa déclaration (...) selon laquelle le régime de Kiev était seul en 2022, sans soutien. La façon dont Trump et Vance se sont contenus et n'ont pas giflé cette ordure relève du miracle de retenue", a-t-elle écrit sur Telegram.

Les enjeux de cette visite allaient bien au-delà du manganèse et du graphite dont le sol ukrainien regorge. Kiev et l'Europe ont suivi avec inquiétude le rapprochement entre MM. Trump et Poutine, qui se sont longuement parlé le 12 février et qui ont lancé des négociations pour mettre fin à la guerre, avec l'objectif, pour l'impatient milliardaire républicain, d'aller vite.

Le président américain répète qu'il a confiance dans le président russe, malgré les avertissements répétés de Londres et Paris sur la fragilité de toute trêve qui ne serait pas accompagnée d'un solide dispositif de contrôle et de sécurité garanti par l'Amérique.

Donald Trump refuse de considérer Moscou comme responsable de la guerre. Il a totalement fermé la porte à une potentielle adhésion à l'Otan, espérée par Volodymyr Zelensky, en l'invitant à "oublier" une telle perspective.