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Automobile. Volkswagen confie son avenir électrique à Rivian

En s'alliant à une jeune pousse américaine pour construire ses voitures électriques nouvelle génération, le vétéran Volkswagen, englué dans la plus grosse crise de son histoire, tente le tout pour le tout.

Le michiganais Rivian construit sous sa propre marque camions, camionnettes et grosses voitures urbaines. (archive)KEYSTONE/EPA/EUGENE GARCIA

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ATS, AWP et AFP

Aujourd’hui à 07:37, mis à jour à 07:48

Temps de lecture : 3 min

Alors que les négociations reprennent lundi dans le nord de l'Allemagne sur un plan d'économies qui pourrait entraîner des milliers de licenciements, l'avenir du premier constructeur européen se joue peut-être en Californie.

C'est dans la région de Los Angeles que s'est établie la jeune pousse automobile Rivian avec laquelle le géant allemand a scellé en novembre un partenariat à près de 6 milliards d'euros (5,6 milliards de francs).

L'entreprise, fondée en 2009, est désormais chargée de construire l'architecture électronique des futures modèles électriques du groupe avec l'espoir d'effacer les revers essuyés par Volkswagen ces dernières années.

Un pari "à haut risque", selon Ferdinand Düdenhöffer, expert du Center Automotive Research (CAR), puisque Rivian, spécialisé dans la fabrication de camions, camionnettes et SUV entièrement électriques, est beaucoup moins établie que l'Américain Tesla ou que les grandes entreprises technologiques avec lesquelles travaillent nombre de constructeurs.

S'allier avec des géants tels que Google ou Microsoft "permet d'éviter les risques" sur le développement des systèmes d'exploitation, devenus essentiels à la voiture du futur, rappelle l'expert.

"Gouffre à milliards"

Que ce soit pour les fonctions primaires des voitures, les applications ou encore la conduite assistée, les constructeurs sont confrontés à la montée en puissance des "softwares", les logiciels intégrés, de plus en plus sophistiqués, dont l'importance prend le pas sur celle du "hardware", la mécanique de la voiture.

Ils ont dû faire leur choix: déléguer totalement le développement des logiciels - comme l'a fait le suédois Volvo - ou engager des centaines de développeurs pour fabriquer un système d'exploitation maison, comme le promettait Cariad, la filiale informatique dédiée de Volkswagen.

La plupart ont préféré une solution entre les deux, en nouant des partenariats, comme annoncé par Mercedes avec Google et Nvidia.

L'enjeu est de taille: l'échec de Cariad, accusée de retards et de défauts dans ses logiciels, a coûté sa place à l'ancien PDG de Volkswagen, Herbert Diess, limogé en 2022, et des sommes considérables au groupe, d'après M. Dudenhöffer, qui parle d'un "gouffre à milliards".

L'ex-patron a cru "qu'on pouvait transformer un constructeur automobile classique en géant de la technologie et de l'informatique", résume l'analyste.

Rien de plus compliqué pour un groupe quasi centenaire comme Volkswagen, dont l'organisation interne est complexe, avec dix marques automobiles qui se sont développées chacune de leur côté, explique Andreas Nienhaus, du cabinet d'études Oliver Wyman.

Cette "inertie" freine l'innovation, ajoute-t-il.

Objectif 2026

D'où le changement radical de stratégie d'Oliver Blume, successeur de Diess à la tête du groupe.

Pour prouver au partenaire allemand de quoi il est capable, Rivian a installé cet été un système informatique de son cru dans une Audi électrique, en seulement douze semaines, rapporte le magazine Der Spiegel. "C'est le temps qu'il nous aurait fallu ici, dans le groupe, pour organiser une réunion avec toutes les personnes concernées", se moque un initié cité par l'hebdomadaire.

Une architecture électronique fiable et simplifiée, les promesses de la jeune pousse font rêver les héritiers des créateurs de la Golf. La co-entreprise veut commercialiser des véhicules nouvelle génération dès 2026. Volkswagen s'est engagé à y investir jusqu'à 5,8 milliards de dollars d'ici 2027.

Le temps presse pour Volkswagen également handicapé par ses coûts de production en Allemagne, un recul de ses parts de marché en Chine face à la concurrence de jeunes marques électriques, dans un contexte de demande mondiale au ralenti.

Quid de Cariad et de ses plus de 5.500 salariés en Europe ? La filiale "continuera à jouer un rôle important", a promis le PDG.

Son personnel administratif a été réduit de 30% cette année. Environ 150 des ingénieurs de Cariad seront détachés auprès de la nouvelle co-entreprise entre Volswagen et Rivian, a affirmé à l'AFP un porte-parole de Cariad.

Certains services restent sous sa responsabilité, comme le développement de l'info-divertissement ou de la conduite automatisée en partenariat avec des fournisseurs comme Bosch et Mobile-Eye.

En Chine, 300 développeurs de Cariad China continueront de développer l'architecture logicielle chinoise en collaboration avec XPeng, le partenaire local du groupe.