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RDC. Combats dans Goma après l'entrée du M23 et de l'armée rwandaise

Les combats font rage lundi à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, entre les forces congolaises et les combattants du groupe armé M23 et les soldats rwandais entrés la veille. Le Rwanda voisin déplore au moins cinq civils tués sur son territoire.

D'intenses rafales de tirs résonnaient dimanche soir dans le centre de Goma (archives).KEYSTONE/AP/Moses Sawasawa

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 02:54, mis à jour à 16:26

Temps de lecture : 3 min

Dans le centre-ville de Goma, des détonations d'artillerie soutenues et d'intenses rafales d'armes légères résonnent depuis le matin, ont constaté des journalistes de l'AFP. Il est difficile de déterminer quelles parties de la ville sont tombées aux mains des M23 et soldats rwandais, et lesquelles restent contrôlées par Kinshasa.

"Goma s'apprête à tomber", a déploré dans la matinée à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, condamnant fermement cette offensive militaire.

Les combattants du M23 ("Mouvement du 23 mars") et plus de 3500 soldats rwandais, selon l'ONU, ont pénétré dimanche dans Goma, qu'ils assiégeaient depuis plusieurs jours, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires.

Des rafales ont résonné dans la ville dans la soirée, puis quelques tirs sporadiques dans la nuit, selon des journalistes de l'AFP.

"Le gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage et les pertes en vies humaines", a déclaré lundi à la mi-journée sur X son porte-parole Patrick Muyaya, la première réaction officielle congolaise depuis l'entrée dans la ville du M23 et de ses alliés, sans plus de précision sur l'état des forces loyalistes dans la ville.

Le M23 avait évoqué dès dimanche soir "ce jour glorieux de la libération de la ville de Goma", capitale de la province du Nord-Kivu, qui abrite un million d'habitants pour autant de déplacés et vers laquelle il avançait depuis plusieurs semaines. Le M23 a également lancé un ultimatum aux soldats congolais pour qu'ils rendent leurs armes.

Tirs à la frontière

Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir "déclaré la guerre" en envoyant ce week-end de nouvelles troupes en RDC, entre 500 et 1000 hommes selon des sources onusiennes à l'AFP, alors que l'ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région.

Le Rwanda a répliqué qu'il conservait une "posture défensive durable" au vu des combats représentant "une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda".

En début d'après-midi lundi, un porte-parole de l'armée rwandaise a annoncé que 5 civils ont été tués, 25 personnes grièvement blessées et d'autres plus légèrement lundi dans une localité rwandaise frontalière de Goma, sans plus de précision sur les circonstances de ces décès et blessures.

Plusieurs affrontements ont été signalés le long de la frontière lundi. Un journaliste de l'AFP à Gisenyi, du côté rwandais de la frontière, y a entendu "plusieurs détonations" qui l'ont obligé à se retrancher.

Une source diplomatique a confirmé à l'AFP des échanges de tirs dans la matinée entre troupes congolaises et rwandaises de part et d'autre d'un poste-frontière à Goma.

L'avancée du M23 vers Goma, doublée d'une escalade diplomatique entre la RDC et le Rwanda, ont abouti à la convocation par Nairobi d'une rencontre Tshisekedi-Kagame dans les deux jours à propos de ce conflit en cours depuis plus de trois ans. Ce sommet se tiendra mercredi, a annonce lundi le Kenya. Une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola avait échoué en décembre faute d'accord.

Frontalier du Rwanda, l'est de la RDC est secoué depuis plus de 30 ans par des conflits et des relations tumultueuses exacerbées depuis le génocide rwandais de 1994. La RDC accuse notamment le Rwanda de vouloir y faire main basse sur ses nombreuses richesses naturelles, ce que Kigali dément.

Scènes de liesse

Dans certains quartiers de la ville, le M23 a été accueilli par des habitants en liesse.

La frontière avec le Rwanda est fermée lundi à Goma, a indiqué à l'AFP une source consulaire. "Personne n'entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l'ONU", a ajouté un travailleur humanitaire au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.

Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.

La RDC a réclamé au Conseil de Sécurité de l'ONU "des sanctions ciblées" contre les dirigeants militaires et politiques rwandais et un "embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais".

L'Union européenne a appelé le M23 à "arrêter son avancée" et le Rwanda à "se retirer immédiatement". L'Union africaine (UA) a réclamé "la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties" fin juillet.

Treize soldats de la force régionale d'Afrique australe (SAMIRDC) et la Monusco ont été tués dans des combats ces derniers jours, selon les armées des pays impliqués. Selon l'ONU, 400'000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.