Proche-Orient. Le cabinet israélien donne son feu vert à l'accord de trêve à Gaza
Le cabinet de sécurité israélien a donné vendredi son feu vert à l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza. Cela ouvre la voie à l'entrée en vigueur de la trêve dimanche et la libération le même jour d'otages en échange de détenus palestiniens.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 10:49, mis à jour à 19:07
Malgré l'annonce d'un accord par le Qatar et les Etats-Unis, après plus de 15 mois de guerre, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur le territoire palestinien, faisant plus de cent morts depuis mercredi, selon les secours.
Après le feu vert du cabinet de sécurité, un conseil des ministres devait donner vendredi son accord final, qui ne semblait pas faire de doute malgré l'opposition de ministres d'extrême droite.
"Après avoir examiné tous les aspects politiques, sécuritaires et humanitaires de l'accord proposé et considérant que celui-ci soutient la réalisation des objectifs de guerre", le cabinet de sécurité "a recommandé au gouvernement d'approuver ce projet", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Otages contre prisonniers
L'accord destiné à mettre fin à la guerre prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7-Octobre, en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
La fin définitive de la guerre sera négociée durant cette première phase.
De premières libérations devraient avoir lieu dimanche, a annoncé le gouvernement. Les familles des otages ont été informées et des préparatifs étaient en cours pour les accueillir. Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe devrait être composé de trois femmes israéliennes.
En échange, Israël a accepté "de libérer un certain nombre de prisonniers d'importance", a indiqué une de ces sources. Les autorités israéliennes ont désigné vendredi 95 détenus libérables dès dimanche, des femmes et mineurs en majorité, pour la plupart arrêtés après le 7-Octobre, et indiqué avoir pris des mesures pour "prévenir toute manifestation publique de joie" à leur sortie.
"Retourner sur notre terre"
Avant même le début de la trêve, des déplacés palestiniens chassés par les bombes et combats se préparent à rentrer chez eux. "Je vais (...) retirer les décombres de la maison et placer ma tente sur les gravats", anticipe Oum Khalil Bakr, réfugiée à Nousseirat.
"Nous savons qu'il fera froid et que nous n'aurons pas de couvertures pour dormir, mais ce qui importe, c'est de retourner sur notre terre", ajoute cette mère de dix enfants.
Beaucoup "trouveront leur quartier entier détruit" sans aucun service essentiel, avertit Mohamed Khatib, de l'organisation Medical Aid for Palestine à Gaza. "La souffrance va continuer (...) mais au moins il y a un espoir", ajoute-t-il.
"Destructions sans précédent"
La guerre, qui a provoqué à Gaza un niveau de destruction "sans précédent dans l'histoire récente", selon l'ONU, a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du Hamas sur le sol israélien.
Elle a entraîné la mort de 1210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.
Au moins 46'876 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Accord en trois phases
L'accord, fruit de laborieuses négociations, a été débloqué à l'approche du retour lundi de Donald Trump à la Maison Blanche.
Outre les premières libérations d'otages, la première phase comprend, selon le président américain, Joe Biden, "un cessez-le-feu total", un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l'aide humanitaire.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, à savoir "une fin définitive de la guerre", selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Autorité palestinienne "prête"
Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza assiégée a été ravagée par la guerre et la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants déplacés.
Le cessez-le-feu laisse en suspens l'avenir politique de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
L'Autorité palestinienne, rivale du mouvement islamiste, est prête à "assumer pleinement ses responsabilités" à Gaza, a déclaré vendredi son président, Mahmoud Abbas dans sa première déclaration après l'annonce de l'accord.
Quinze mois de guerre ont considérablement affaibli le Hamas, mais il est encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.