Syrie. Syrie: les "plus violents" combats depuis la chute d'Assad
De violents affrontements entre des membres des forces de sécurité et des combattants "fidèles" au président déchu syrien Bachar al-Assad ont fait jeudi plus de 70 morts dans le nord-ouest de la Syrie. Les combats se sont déroulés à Jablé et des villages proches.
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ATS et AFP
6 mars 2025 à 23:52, mis à jour le 7 mars 2025 à 06:17
"Plus de 70 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées ou capturées lors d'affrontements sanglants et d'embuscades sur la côte syrienne entre des membres des ministères de la défense et de l'intérieur et des militants de l'armée du régime défunt", a indiqué sur le réseau social X l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.
Ce sont les attaques "les plus violentes contre les nouvelles autorités depuis la chute d'Assad" en décembre, selon l'OSDH. Le rétablissement de la sécurité dans toute la Syrie est le défi le plus urgent pour les nouvelles autorités, au pouvoir depuis qu'une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre.
Depuis quelques jours, des combats ont lieu dans la région de Lattaquié, bastion de la minorité alaouite du président déchu, dans le nord-ouest du pays.
Dans "une attaque bien planifiée et préméditée, plusieurs groupes de miliciens d'Assad ont attaqué nos positions et nos points de contrôle, ciblant un grand nombre de nos patrouilles dans la région de Jablé", a affirmé un responsable de la sécurité à Lattaquié.
Ex-chef du renseignement capturé
Ces attaques ont fait "de nombreux martyrs et blessés parmi nos forces", a-t-il ajouté sans donner de bilan précis. Les forces de sécurité vont "rétablir la stabilité dans la région et protéger les biens de notre peuple", a-t-il assuré.
Au cours de l'opération, les forces de sécurité ont capturé et arrêté un ancien chef des services de renseignement de l'armée de l'air, l'une des agences de sécurité les plus proches de la famille Assad, a rapporté l'agence de presse d'État Sana. "Nos forces dans la ville de Jablé ont réussi à arrêter le général criminel Ibrahim Houweïja", a déclaré Sana.
"Il est accusé d'avoir commis des centaines d'assassinats à l'époque du criminel Hafez al-Assad", le père de Bachar al-Assad. M. Houweïja, qui a dirigé les services de renseignement de l'armée de l'air de 1987 à 2002, est notamment soupçonné d'avoir assassiné le chef druze libanais Kamal Joumblatt en 1977.
De nombreux assassinats de responsables libanais antisyriens sont attribués au clan Assad, qui a tenu la Syrie d'une main de fer pendant 50 ans.
"Le Tigre"
Le directeur provincial de la sécurité a indiqué que les forces de sécurité avaient affronté des hommes armés fidèles à un commandant des forces spéciales de l'ère Assad dans un autre village de Lattaquié, après des frappes d'hélicoptères.
"Les groupes armés avec lesquels nos forces de sécurité se sont affrontées dans la campagne de Lattaquié étaient affiliés au criminel de guerre Souheil al-Hassan", a-t-il déclaré à Sana.
Surnommé "Le Tigre", il dirigeait les forces spéciales du pays et était souvent décrit comme le "soldat préféré" d'Assad. Il a été à l'origine d'avancées militaires majeures réalisées par le gouvernement d'Assad en 2015.
Ces incidents ont éclaté à Beit Aana, le village d'origine de Souheil al-Hassan, lorsque des habitants ont empêché l'arrestation d'une personne suspectée de trafic d'armes, selon l'OSDH.
Les forces de sécurité ont ensuite lancé une opération, lors de laquelle, selon Sana, "des hommes armés ont tiré sur des membres et des véhicules du ministère de la défense, près du village, faisant un mort [du côté des forces de sécurité, ndlr] et plusieurs blessés". Un photographe d'Al Jazeera a été blessé, selon la chaîne qatarie.
Les dirigeants alaouites ont ensuite appelé sur Facebook, à des "manifestations pacifiques" en réponse aux frappes d'hélicoptères qui, selon eux, ont visé des "maisons de civils".
Les forces de sécurité de la province de Lattaquié ont imposé un couvre-feu dans les régions à majorité alaouites, dont Lattaquié, Tartus et Homs, selon l'agence de presse Sana.