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Frontex

Un pas vers l’Europe

A près de 72%, les Suisses approuvent l’élargissement de l’agence européenne des garde-frontières.


 Guillaume Chillier

Guillaume Chillier

16 mai 2022 à 01:01

Suisse-Europe» Le Conseil fédéral respire. Il avait peur de voir sa population rejeter le développement de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex). Un non aurait eu pour conséquence de nouvelles secousses avec ses voisins européens – ils s’y étaient préparés – et le risque de se voir éjecter des accords de Schengen.

Pour le conseiller fédéral Ueli Maurer, si la Suisse a dit oui à 71,5%, c’est pour sa sécurité. «Le pays soutiendra davantage Frontex et s’engagera pour les droits fondamentaux. Les accords de Schengen et de Dublin ont fait leurs preuves et sont essentiels pour la Suisse en matière de sécurité, de migration et de tourisme», estime-t-il. A gauche, on demande à voir. En fin de journée, un peu plus de 200 personnes ont manifesté à Berne avec le slogan «Frontex tue et les douanes suisses sont complices».

Loisir et sécurité

Pour beaucoup, Schengen ce sont les vacances en Europe sans contrôle aux frontières. Pour d’autres, Schengen c’est surtout une large coopération policière. Loisir et sécurité, deux thèmes qui ont pesé sur le choix des citoyens: ils ne veulent pas voir leur vie se compliquer après deux ans et demi de pandémie contraignante pour les libertés et alors qu’une guerre fait rage à 1500 kilomètres d’ici.

Durant la campagne, l’argument des droits humains n’a pas porté. Certes documentées, les violations des droits fondamentaux ont semblé trop lointaines. Elles n’ont pas pris de visage et n’ont pas touché émotionnellement la population. Celle-ci a davantage les yeux tournés vers l’Ukraine et ses dizaines de milliers de réfugiés, bien mieux acceptés que ceux de précédentes vagues migratoires et qui ont rejoint la Suisse sans contrôle grâce à… Schengen.

Opacité fédérale

Le Conseil fédéral a aussi joué avec les limites pour arriver à ses fins. Il s’est montré cachottier en empêchant les médias d’humaniser le travail de l’agence Frontex aux frontières de l’Europe. Les demandes des médias recevaient souvent des réponses négatives. Dépendant du Département des finances d’Ueli Maurer, l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières a même censuré un article du Temps déjà approuvé. Il dressait un des rares portraits d’un garde-frontière suisse engagé sur le terrain.

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