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Suisse

Sortie de course pour Pierre Maudet

La verte Fabienne Fischer est élue au Conseil d’Etat genevois et fait basculer la majorité à gauche


 RACHAD ARMANIOS et GUSTAVO KUHN

RACHAD ARMANIOS et GUSTAVO KUHN

29 mars 2021 à 04:01

Complémentaire » Les expressions de joie des militantes et militants écologistes et socialistes, hier après-midi à Genève, ne trompaient pas: leur candidate, la verte Fabienne Fischer, a remporté l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Evinçant ainsi son principal concurrent, Pierre Maudet, 43 ans, politicien au long parcours qui n’entend pas pour autant se retirer de la vie politique.

Avec 47 507 voix (41,82% des suffrages), l’avocate de 59 ans, avec peu d’expérience élective, dépasse de plus de 9000 voix le conseiller d’Etat indépendant et démissionnaire (38 184 suffrages, soit 33,61%). La démocrate-chrétienne Delphine Bachmann est arrivée troisième avec 15 408 voix et l’UDC Yves Nidegger quatrième (12 485). La participation s’est élevée à 42,74%.

Troisième femme

En prêtant serment le 29 avril devant le Grand Conseil, Fabienne Fischer fera basculer l’exécutif à gauche, ce qui s’est produit une seule fois, lors de la législature 2005-2009. En gagnant un second poste au gouvernement, les Verts confirment leur mouvement ascendant, mais ce ne sera pas la première fois que deux écologistes siégeront ensemble.

«Je suis la bonne personne pour stabiliser les institutions et leur redonner la légitimité dont elles ont besoin, a déclaré Fabienne Fischer devant la porte de l’Hôtel de Ville, après son arrivée triomphale. Cette élection représente un nouvel élan populaire pour mettre en œuvre toute la solidarité nécessaire pour sortir de la crise sanitaire, économique et sociale.» Emue mais aussi désireuse de retrouver un peu de calme au terme d’une campagne virulente, elle a rapidement coupé court aux questions, sans même vraiment relever l’arrivée d’une troisième femme au gouvernement. Et sans commenter la défaite de Pierre Maudet.

Le perdant du jour, lui, déclare aux médias avoir entendu les angoisses de la population et espère que Fabienne Fischer relèvera le défi de mener Genève à bon port, du moins jusqu’aux élections générales de 2023. Il se dit déçu «au terme d’une campagne haletante où j’ai tout donné, même si mon score est très important». Il ajoute: «Je continuerai à me mettre à disposition de mon canton, je poursuivrai mon activité politique, tout est ouvert.» La plupart des observateurs s’attendent à ce qu’il se représente en 2023 et qu’il crée un nouveau parti ou rejoigne le tout nouvel Elan radical.

«Page Maudet tournée»

«Pierre Maudet attendait le verdict populaire, il l’a eu», commente la conseillère nationale verte Isabelle Pasquier-Eichenberger. Conseiller d’Etat vert, Antonio Hodgers se félicite que «la page de l’affaire Maudet, qui a empoisonné toute la législature, soit tournée et que le mensonge n’ait pas payé. Le Conseil d’Etat aspire à un retour à la normale et à la sérénité politique.»

Qu’un tiers de la population ait voté pour son collègue interpelle toutefois Antonio Hodgers: «Les profils qui attaquent les institutions et usent de démagogie, cela fonctionne dans le monde, comme aux USA ou en Grande-Bretagne. Genève n’est pas épargné. Mais il faut tendre la main à celles et ceux qui voulaient garder Pierre Maudet au gouvernement, il faut passer à la réconciliation.»

Quant à un changement de cap, Antonio Hodgers le relativise: «Il y aura une plus grande sensibilité en faveur des aides aux commerçants, du social, de l’écologie, mais pas de rupture avec l’actuel Conseil d’Etat.»

De son côté, la conseillère aux Etats Lisa Mazzone salue «un score très clair, qui permettra enfin de sortir de l’immobilisme institutionnel». Député et vice-président du Grand Conseil, Diego Esteban fait, lui, part d’un immense soulagement. «Le monde politique est épuisé par l’affaire Maudet, qui a fait l’effet d’un véritable trou noir, absorbant toute l’attention. Ceci alors que nous faisons face à de nombreux défis autrement plus importants que le sort d’une personne.» Dans la perspective de 2023, l’élu rose se dit satisfait de voir que «l’alliance PS-Verts fonctionne bien».

Les enjeux à venir

Auteure d’une troisième place alors qu’elle ne s’était pas présentée au premier tour, la démocrate-chrétienne Delphine Bachmann assure ne rien regretter: «Mathématiquement, ce n’est pas un bon score de la gauche», analyse-t-elle. Puis de prévenir: «Comme députée, je m’opposerai à toute tentative d’augmentations de la fiscalité.»

Un sujet qui fait visiblement peur a une partie du parlement. Dans un communiqué, le MCG averti aussi qu’il «sera présent pour s’opposer aux taxes abusives». Du côté de l’UDC, le député André Pfeffer se dit «un peu déçu du résultat de notre candidat», Yves Nidegger ayant récolté moins de voix lors de ce deuxième tour que le 7 mars. Mais ce dernier assure qu’il s’y attendait: «Au premier tour, les gens votent avec le cœur, au second avec la calculette, sachant que je n’étais pas éligible.» Le COurrier

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