Quand le climat tombe à pic
Viola Amherd parle d’armée «verte» le jour où la gauche lance l’initiative contre les avions de combat
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Philippe Boeglin
31 août 2021 à 22:24
Armée » Plutôt deux fois qu’une, l’armée s’est retrouvée ce mardi sous le feu des projecteurs. La gauche et les antimilitaristes ont lancé leur initiative populaire «Stop F-35» pour bloquer l’achat de l’avion de combat du même nom. Et en parallèle, la ministre de la Défense Viola Amherd présentait la nouvelle charte pour l’environnement de son département.
«C’est une collision heureuse ou malheureuse de l’agenda», sourit Fabien Fivaz, conseiller national vert (NE). Attaquée, la conseillère fédérale génère de facto une actualité concurrente, sur le même thème, à l’offensive de ses adversaires. Tactique? Non, selon sa porte-parole Mireille Fleury: «La conférence de presse d’aujourd’hui est prévue depuis plusieurs mois. Il n’y a donc pas de lien avec le lancement de l’initiative.» Dans le camp adverse, on est moins catégorique.
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F-35A sont achetés par la Suisse, pour 15,5 milliards de francs
La campagne contre les jets de chasse revêt une importance capitale. Il s’agit du dossier phare du Département fédéral de la défense (DDPS), que ce soit en termes de symbole, de portée militaire et de coûts. Fin juin, Viola Amherd a convaincu le Conseil fédéral d’acquérir 36 F-35A du fabricant américain Lockheed Martin, pour quelque 15,5 milliards sur trente ans. Le choix, très controversé, n’a pas passé auprès du Parti socialiste, des Verts et du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Ils pointent la cherté réputée de l’appareil, les données sensibles de vol qu’il enverrait directement aux Etats-Unis, et ses caractéristiques de bombardier furtif inadaptées à la police aérienne de l’armée suisse. Le peuple tranchera.
La conseillère fédérale Viola Amherd devra cravacher pour l’emporter. La votation précédente sur le budget d’achat des jets, en septembre 2020, n’est passée que d’un cheveu.
Charte environnementale
Ce mardi, la Valaisanne a préféré aborder un autre sujet et dérouler la nouvelle charte environnementale de son département. Fort de 60 mesures et devisé à 650 millions, cet engagement vise notamment un bilan neutre en gaz à effets de serre d’ici à 2050, l’emploi de véhicules électriques dès que possible, le remplacement des chauffages à mazout dans les nombreux bâtiments militaires, ou encore le recours futur aux carburants renouvelables pour les avions.
Ce n’est pas la première fois que Viola Amherd communique sur le sujet, qui est loin d’être le cœur de métier de son ministère. Cherche-t-elle à détourner l’attention, au moment où les antimilitaristes et la gauche l’attaquent sur son dossier clé?
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