Allemagne. Immigration: échec de l'alliance droite/extrême-droite en Allemagne
Les députés allemands ont rejeté vendredi de justesse une proposition de loi visant à restreindre l'immigration et soutenue pour la première fois depuis 1945 ensemble par les conservateurs et l'extrême-droite, malgré le tollé que ce rapprochement suscite dans le pays.
Partager
ATS et AFP
Aujourd’hui à 15:17, mis à jour à 17:47
Les élus ont voté par 350 voix contre et 338 voix pour.
Il s'agissait de la deuxième initiative en trois jours en ce sens entre les démocrates-chrétiens (CDU/CSU) et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), après une première alliance lors d'un vote mercredi qui portrait alors sur une motion non contraignante, visant aussi à limiter l'immigration.
Elle est intervenue alors que des élections législatives anticipées sont prévues le 23 février en Allemagne.
Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz a mis en garde contre le risque de voir bientôt ces deux formations s'allier pour gouverner le pays après le scrutin du 23 février.
Pas d'alliance
Le chef de file des conservateurs, Friedrich Merz, a rejeté ces accusations, assurant vouloir seulement réduire l'immigration et ne pas chercher à bâtir une alliance de gouvernement avec l'AfD.
"Vous ne croyez quand même pas sérieusement que nous tendons la main à un parti (l'AfD, ndlr) qui veut nous détruire", a assuré après le scrutin celui qui est le favori des sondages pour succéder à Olaf Scholz comme chancelier.
Cette séquence est vécue comme un séisme dans le monde politique allemand, où les partis politiques avaient jusqu'ici maintenu un "cordon sanitaire" face à l'extrême droite en refusant toute coopération au niveau national.
La proposition de loi de la CDU rejetée vendredi visait à restreindre le rapprochement familial et faciliter les placements en rétention des étrangers sans papiers à la frontière.
Cette offensive des conservateurs sur l'immigration fait suite à une récente agression au couteau meurtrière à Aschaffenbourg, dans l'ouest du pays, par un Afghan, dernier épisode d'actes de violences impliquant des étrangers.
L'AfD, parti anti-migrants et nationaliste, est créditée de plus de 20% des intentions de vote - deux fois plus que lors du précédent scrutin en 2021 - dans les sondages en vue des législatives. Elle est devancée par les conservateurs, crédités d'environ 30%.