Union européenne. Von der Leyen défend sa nouvelle équipe - Compétitivité prioritaire
Le Parlement européen s'apprête à approuver mercredi à Strasbourg la nouvelle équipe de la Commission européenne. Celle-ci veut rapidement se mettre en ordre de bataille sur fond de vives turbulences économiques et géopolitiques.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 09:58, mis à jour à 10:52
"Notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique", a lancé, quelques heures avant le vote, sa présidente Ursula von der Leyen qui a promis que sa première "initiative majeure" porterait sur la compétitivité.
Un peu plus tard, elle a insisté sur la Défense européenne et la nécessité de faire davantage pour rivaliser avec les dépenses militaires russes, en pleine guerre en Ukraine.
"Nos dépenses doivent augmenter", a-t-elle martelé. "La Russie dépense jusqu'à 9% de son PIB dans la défense. L'Europe dépense en moyenne 1,9%. Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette équation", a-t-elle insisté.
L'ombre de Trump
Le nouvel exécutif européen doit entrer en fonction début décembre, à une cinquantaine de jours de l'investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Et un sentiment d'urgence prévaut.
Entre le retour du milliardaire à Washington, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient et la bataille commerciale avec la Chine, "l'environnement a radicalement changé" par rapport à 2019, souligne la Suédoise Ylva Johansson, qui va quitter ses fonctions de commissaire européenne à l'immigration.
Le nouvel exécutif de l'UE est confronté "à davantage de menaces". Mais "la Commission est beaucoup plus opérationnelle qu'il y a cinq ans", assure-t-elle, mettant en avant la réponse européenne pendant la crise du Covid-19 ou la mobilisation face à la guerre en Ukraine.
Se préparer au retour de M. Trump est "le défi le plus urgent" de ce second mandat d'Ursula von der Leyen, abonde Luigi Scazzieri, analyste au Centre for European Reform. Sur "deux fronts": le commerce avec la promesse du président élu républicain d'augmenter les droits de douane sur les produits européens et "la sécurité" avec le risque d'un désengagement des Etats-Unis en Ukraine.
Malgré ces enjeux, le Parlement européen aura peiné avant d'approuver la nouvelle Commission.
Dans la douleur
Les groupes se sont affrontés sur la vice-présidence accordée à l'Italien Raffaele Fitto (Cohésion des territoires), membre du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, alors que la gauche réclamait le maintien d'un "cordon sanitaire".
Von der Leyen a assumé cette vice-présidence, qui lui permet de soigner ses relations avec Mme Meloni. "C'est un choix que j'ai fait", a-t-elle dit devant les eurodéputés.
Après plusieurs jours de bras de fer, le PPE (droite), les centristes de Renew et les sociaux-démocrates avaient fini par sceller un accord dans la douleur pour approuver l'ensemble des commissaires proposés, une première depuis vingt ans.
Parmi les nouveaux visages, l'ancienne première ministre estonienne Kaja Kallas devient la nouvelle cheffe de la diplomatie de l'UE , le centriste français Stéphane Séjourné obtient une vice-présidence dotée d'un large portefeuille sur la stratégie industrielle et la socialiste espagnole Teresa Ribera sera vice-présidente à la Transition écologique et à la concurrence.
"Besoin de stabilité"
Cette nouvelle Commission penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles, sur 27, attribués au PPE (droite), première force politique du Parlement.
Le chef du PPE Manfred Weber n'a pas caché sa satisfaction. C'est une Commission "très équilibrée", a-t-il lancé, en mentionnant une possible majorité parlementaire allant d'ECR (extrême-droite), où siègent les eurodéputés italiens de Giorgia Meloni, jusqu'à certains Verts.
Au passage, le responsable allemand a de nouveau balayé les accusations de la gauche sur ses ambiguïtés avec l'extrême droite.
"Il y a des lignes rouges" et pas de coopération possible avec ceux qui ne sont pas "pro-Europe, pro-Ukraine et pro-Etat de droit", a-t-il réaffirmé, en faisant le distinguo entre les troupes de Giorgia Meloni et les deux autres groupes d'extrême droite.
A la tête des sociaux-démocrates, l'Espagnole Iratxe Garcia-Pérez a mis en avant le "besoin de stabilité" en Europe pour expliquer son soutien à la nouvelle équipe.
Mais l'octroi d'une vice-présidence à Raffaele Fitto continue de diviser le groupe, et des défections sont attendues lors du vote des eurodéputés.
"On franchit une ligne rouge, et on ne repassera jamais en sens inverse, donc ça ne sera pas avec nous", a grincé le Français Raphaël Glucksmann. "On devrait avoir une commission de combat, capable de défendre l'intérêt général européen, et je ne crois pas que Fratelli d'Italia soit sur cette ligne-là."
Même divergence chez les écologistes. "La désignation d'un vice-président d'extrême droite crée un précédent tragique qui ouvre la voie au pire", a dénoncé la Française Marie Toussaint. "L'Europe recule à chaque fois que l'extrême droite avance."