Logo

Suisse

«Pilule miracle» pour cas graves

Swissmedic devrait bientôt autoriser le Paxlovid, médicament anti-Covid a priori efficace, mais limité


 Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

7 mars 2022 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Coronavirus » Après Israël, les Etats-Unis, le Royaume-Uni puis l’Agence européenne des médicaments (EMA), la Chine a autorisé à son tour le traitement anti-Covid Paxlovid le 12 février, «sous conditions». C’est un succès de plus, et de taille, pour ce médicament administré par voie orale et élaboré par le géant pharmaceutique américain Pfizer. L’espoir aussi d’un pas supplémentaire vers une sortie durable de la crise sanitaire.

A ce jour, une quarantaine de pays ont accordé leur autorisation au Paxlovid. En France, sur prescription par les médecins généralistes, il est disponible en pharmacie depuis fin janvier, devenant le premier traitement contre le virus accessible ailleurs qu’à l’hôpital.

Et en Suisse? A Berne, l’organisme d’autorisation et de surveillance des produits thérapeutiques Swissmedic a reçu le 18 janvier dernier une demande d’autorisation de mise sur le marché par Pfizer. Le nouveau médicament fait actuellement l’objet d’une procédure d’examen en continu, confidentielle.

Des principes connus

Mais dans les faits, le Paxlovid peut déjà être exceptionnellement administré pour traiter des cas graves dans les cliniques et les hôpitaux suisses, explique Lukas Jaggi, porte-parole de Swissmedic. Il rappelle que les deux principes actifs du Paxlovid – le nirmatrelvir, molécule fonctionnant comme inhibiteur de protéase, et le ritonavir, utilisé dans le traitement du VIH – sont connus et figurent déjà dans l’ordonnance 3 du Conseil fédéral sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus.

89%

Réduction du risque de décès ou hospitalisation avec Paxlovic

Cette disposition permet donc l’accès précoce au Paxlovid, sur la base de premiers résultats d’études «attestant de la qualité, de l’efficacité et de la sécurité du produit, en attendant des données et réponses complémentaires à des questions posées par les experts de Swissmedic». Cette forme d’autorisation «par anticipation» accélérera la procédure de mise sur le marché, tout en garantissant des principes d’exigence.

Depuis décembre 2021, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est par ailleurs en discussion avec l’entreprise Pfizer pour l’achat et «une éventuelle utilisation du Paxlovid en Suisse pour lutter contre la pandémie», confirme Grégoire Gogniat, un des porte-parole de l’OFSP, sans pouvoir donner dvantage d’informations «à ce stade des négociations». D’autres sources proches du dossier avancent que l’autorisation du Paxlovid en Suisse n’est maintenant plus qu’une question de semaines, voire de jours.

Dès le 5 novembre 2021, Pfizer a multiplié les annonces vantant l’efficacité de son produit: selon les résultats des premières études menées par le géant pharmaceutique, le Paxlovid aurait permis de réduire de 89% le risque d’hospitalisation ou de décès par rapport au placebo chez des adultes à haut risque non hospitalisés et infectés par le Covid.

Il convient toutefois de relativiser. Malgré ce taux de réussite et des avantages certains, le Paxlovid n’est pas une «pilule miracle», il vise une catégorie restreinte de la population et fait l’objet de contre-indications.

Bénéfices devant risques

A Lausanne, le professeur et médecin adjoint Oriol Manuel, rattaché au service des maladies infectieuses du CHUV, suit de près la situation. «C’est vrai que je suis «inconfortable» en raison du manque de publications sur la sécurité du Paxlovid. Mais je suis aussi assez convaincu que les bénéfices l’emportent clairement sur les risques.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique