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Suisse

Les sols restent secs car «les pluies sont mal réparties»

Les précipitations ne vont pas inverser la baisse des niveaux des nappes, estime Grégoire Mariethoz, professeur à l'Unil

Les pluies ont provoqué d’importantes crues au Tessin, notamment pour le Brenno, près de Biasca. © Keystone

Thierry Jacolet

Thierry Jacolet

29 août 2023 à 23:25

Temps de lecture : 1 min

Intempéries » Le choc thermique a été brutal. Les intempéries ont succédé à la canicule en fin de semaine dernière, faisant chuter le mercure de plus de 35 °C à 14 °C. Si la Suisse romande a reçu entre 40 et 60 mm de pluie, la Suisse orientale, le Tessin et les Grisons ont été très arrosés, de 80 à 350 mm dans ces deux cantons - il en tombe en moyenne 1500 mm en Suisse par an. «Un tel événement survient tous les 6 à 8 ans. Il y a eu un changement de régime complet», observe Grégoire Mariethoz, professeur à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre à l’Université de Lausanne. A ses yeux, aussi intenses soient-elles, ces pluies ne vont pas inverser la tendance à la baisse des niveaux des nappes phréatiques.

Pourquoi les pluies de ces derniers jours ne suffisent-elles pas à recharger les stocks d’eau souterrains?

Grégoire Mariethoz: Les nappes ne se rechargent généralement pas en été. Encore moins lors de pluies soudaines telles que celles de ces derniers jours. La végétation absorbe une grande partie de l’eau qui tombe et l’évaporation joue aussi un rôle. C’est seulement quand le sol est saturé en humidité que l’eau descend dans les nappes. Comme celles-ci sont souterraines et protégées par des roches poreuses, l’eau de pluie met encore plus de temps à descendre.

La sécheresse qui sévit depuis une année ne lui facilite pas la tâche…

En effet. Avec un sol aussi sec que cet été et donc moins perméable, l’eau ne peut pas s’infiltrer plus vite. C’est comme le trafic: s’il y a beaucoup de voitures en même temps sur une route, il y aura inévitablement un embouteillage.

D’où les débordements de lit de cours d’eau, comme celui du Rhin?

Tout ce qui ne peut pas s’infiltrer dans le sol finit dans les rivières qui s’engorgent. Le Rhin peut déborder sans faire trop de dégâts car des exutoires sont prévus, des endroits loin des habitations, où le fleuve peut sortir de son lit. S’il pleuvait en quantité régulière sur deux semaines, les nappes se rechargeraient. Quand les pluies tombent aussi fortement sur une courte période, elles n’ont pas le temps de s’infiltrer dans le sol.

Comment le manque d’eau de ces derniers mois pourra-t-il être compensé?

Il y a un déficit hydrique important en Suisse qui date d’il y a une année. Il faudrait au moins un hiver humide pour que les niveaux remontent. S’il pleut ou neige régulièrement durant l’hiver, l’eau rentrera dans le sol et un peu dans les rivières, et cela rechargera les nappes. A cette période, il y a peu d’évapotranspiration et les plantes n’utilisent pas toute cette eau qui peut ainsi descendre dans les nappes. En principe, avec le changement climatique, il devrait y avoir encore des hivers humides. Il n’y a pas de consensus parmi les modèles climatiques qui mettrait en avant une sécheresse hivernale récurrente. Il peut y avoir un hiver plus sec, mais pas de généralisation.

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