Lex Netflix. «Les 4% sont un minimum vital»
Au-delà de la polémique, le producteur Jean-Marc Fröhle, revient sur les enjeux liés à la Lex Netflix.
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Igor Cardellini
18 avril 2022 à 22:16
Cinéma suisse» C’est déjà une exigence chez plusieurs grands voisins européens, comme l’Italie, la France ou l’Allemagne. La Suisse envisage de requérir que les plateformes vidéo à la demande telles que Netflix placent une part de leurs bénéfices dans la production helvétique. Selon le sondage Tamedia/20 minutes, cette obligation d’investir 4% dans la création nationale, prévue dans ladite loi Netflix en votation le 15 mai prochain, ne fait pas l’unanimité. Le vote sera serré avec une partie de la droite qui s’y oppose et une Suisse alémanique plus réfractaire.
L’objet, pour lequel un référendum a été lancé, suscite même une polémique en raison d’erreurs figurant dans la brochure de vote. L’administration a indiqué sur une carte que l’obligation d’investir existe dans des pays comme la Norvège, la Suède ou la Finlande alors que tel n’est pas le cas. Les opposants à la loi ont porté plainte contre le Conseil fédéral à ce sujet et l’affaire pourrait être portée devant Tribunal fédéral. Retour sur les enjeux de la loi avec le producteur Jean-Marc Fröhle, associé chez Point Prod et coprésident de l’association de producteurs IG.
Au-delà de la polémique, de votre point de vue de producteur, comment considérez-vous la Lex Netflix?
Jean-Marc Fröhle: Cette loi offre enfin une diversité de possibilités de production et d’élaboration de contenus pour toute la branche. Ça va être un appel d’air bienvenu, du point de vue créatif et industriel. C’est par ailleurs une loi qui a été élaborée grâce à un consensus après deux ans et demi de travail entre la branche et le parlement. C’est un minimum vital par rapport aux pays qui nous entourent pour rester compétitif. La Suisse est un petit pays, un petit marché. Si en plus on le défavorise en le condamnant à rester le seul pays à ne pas obliger à investir, ça va nous péjorer définitivement.
Ce n’est pas vrai, certains pays ne demandent rien. C’est l’objet de la polémique qui a démarré dans l’émission Arena la semaine dernière…
Il y en a peu. Et il y a des projets en cours dans la plupart de ces pays. Autour de nous, seule l’Autriche ne connaît pas d’obligation d’investir, mais là encore le débat a été lancé. Dans tous les cas, depuis ma position de producteur, c’est un appel d’air pour les talents qui composent la branche et pour cette industrie.
Avec 105 millions par année, l’aide à la création audiovisuelle n’est pas suffisante?
Non, ça n’est pas suffisant. C’est à peu près le budget d’une année de fonctionnement d’un opéra ou de l’Orchestre de la Suisse romande. Et là n’est pas la question, cette loi mènera à une situation qui combine encouragement public et obligation d’investissement de plateformes privées qui font énormément de bénéfice sur notre territoire. Comme vous le savez les prix d’abonnement sont les plus chers d’Europe et ces acteurs ne contribuent pas à la branche. En Espagne, en France, en Italie et en Allemagne, depuis l’instauration de ce type d’obligation, les productions se sont développées. On remarque même qu’après leur entrée en vigueur, les Netflix, Amazon Prime Video et autres Disney+ dépensent plus que le minimum requis.
En Suisse, ces 4% devraient permettre de verser chaque année 18 millions de plus au cinéma suisse, ça va faire une différence?
C’est un début. Notamment pour les plateformes qui vont commencer à travailler avec les créateurs et créatrices du pays. J’ai bon espoir qu’on va dépasser ces 18 millions, qui comptent pour à peu près deux à quatre séries.
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