Horaires des commerces
Les magasins devraient pouvoir ouvrir jusqu’à 20 h dans tout le pays. Le National a adopté hier par 122 voix contre 64 ce projet d’harmonisation nationale des horaires. Il est passé outre les menaces syndicales de référendum et le rejet des cantons.
Le dossier retourne au Conseil des Etats. Celui-ci s’était prononcé de justesse (19 voix contre 18) contre cette nouvelle loi. La voix prépondérante du président Claude Hêche (ps, JU) avait fait pencher la balance. Plusieurs sénateurs bourgeois avaient voté «non». Si la Chambre des cantons réitère son refus, le projet sera définitivement abandonné.
Il vise à concrétiser une motion du sénateur Filippo Lombardi (pdc, TI). Les commerces de détail pourraient ouvrir, dans tout le pays, au moins de 6 h à 20 h du lundi au vendredi et, le samedi, de 6 h à 18 h. Par 98 voix contre 84, les députés ont refusé de prolonger l’horaire jusqu’à 19 h le samedi.
Les cantons seraient libres d’adopter des législations plus libérales. Les dimanches et les jours fériés cantonaux ne sont pas concernés par cette harmonisation fédérale. Pas plus que les veilles de jours fériés cantonaux, a précisé Kathrin Berstchy (pvl, BE) au nom de la commission. Selon un avis de droit, la Confédération a la compétence pour intervenir dans ce domaine, même si elle ne l’a pas fait jusqu’ici, a-t-elle fait valoir.
Saluée par le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann, l’harmonisation des horaires est soutenue par la droite. Selon les partis bourgeois, le projet permettrait de s’adapter aux besoins des clients mais surtout de lutter contre le tourisme d’achat, dopé par le franc fort.
Onze milliards de francs ont été dépensés à l’étranger en 2014, a noté Christian Lüscher (plr, GE). Dans les cantons frontaliers, un achat sur deux est effectué de l’autre côté de la frontière. Des Suisses vont jusqu’à parcourir une centaine de kilomètres pour faire leur shopping dans des commerces étrangers, a noté Dominique de Buman (pdc, FR).
La concurrence est rude. La France, l’Autriche mais surtout l’Italie ou l’Allemagne connaissent des législations bien plus libérales. Dès lors, des commerces s’installent à la frontière pour attirer les clients helvétiques. Selon une étude citée par plusieurs orateurs, 22% des Suisses citent les horaires comme motif pour le tourisme d’achat.
Pour ses partisans, le projet ne remet pas en question la protection des travailleurs contre le travail dominical ou nocturne, réglée au niveau national. Et les magasins qui ne souhaitent pas ouvrir plus longtemps ne seront pas tenus de le faire, a affirmé Hans Egloff (udc, ZH).
Les opposants, gauche et syndicats en tête, ne l’entendent pas de cette oreille. Le projet favoriserait les grands groupes au détriment du petit commerce. Mais surtout, il mettrait à mal les conditions de travail de quelque 300 000 employés, essentiellement des femmes qui doivent encore jongler avec leur vie de famille, a critiqué Susanne Leutenegger Oberholzer (ps, BL). ATS