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Les votations fédérales du 15 mai 2022

Le cinéma suisse cible Netflix

Les Suisses se prononceront pour taxer les plateformes de diffusion en ligne au profit du cinéma indigène. La campagne tourne au combat politique entre la gauche et la droite, avec une bataille de chiffres à la clef


 Xavier Lambiel

Xavier Lambiel

8 mars 2022 à 22:33

Temps de lecture : 1 min

Streaming » «Grand fan des séries de Netflix», Alain Berset cite La casa de papel en Espagne ou Lupin en France. Pour défendre la loi qui oblige toutes les plateformes de streaming à réinvestir 4% de leurs recettes dans les productions indigènes, le ministre de la Culture insiste: «Les fictions suisses ne sont pas des superproductions, mais elles sont de qualité, et c’est dans notre intérêt de défendre notre identité.» Les Suisses voteront le 15 mai prochain. S’ils acceptent cette proposition, ce sont 18 millions de francs qui devraient être réinjectés dans le cinéma indigène chaque année. Les chaînes de télévision sont déjà soumises à cette obligation.

Le référendum a été organisé par les jeunes du PLR, de l’UDC et des Vert’libéraux, qui dénoncent «un impôt extraordinaire», «un péché politique» et «une attaque frontale contre les principes libéraux». En difficulté, ils ont mandaté des professionnels de la récolte de signatures rémunérés pour atteindre leur objectif. Pour les Jeunes libéraux-radicaux, «la nouvelle loi sur le cinéma est hostile aux consommateurs». Leur vice-président fribourgeois Alec von Barnekow considère que «ce cocktail de protectionnisme et de paternalisme nuira à la liberté de choix». La loi exige aussi des plateformes qu’elles programment 30% de productions européennes.

1. Inquiétudes sur les prix des abonnements

2,8

Millions d’utilisateurs de la plateforme Netflix en Suisse

Durant la pandémie, le nombre d’utilisateurs de Netflix a augmenté d’un million pour passer à 2,8 millions dans le pays. En janvier, la société a augmenté le prix de son abonnement, passé à 18,90 francs par mois. Selon les comparaisons de Blick, c’est le plus cher du monde. Les Français paient 14,20 francs, les Italiens et les Allemands 13,60, alors que les Anglais déboursent 12,50 par mois. Pour les coprésidents de l’Association romande de production audiovisuelle (AROPA), Elena Tatti et Daniel Wyss, «les plateformes de streaming font d’immenses profits en Suisse, sans réinjecter un centime dans notre économie».

Pour Alec von Barnekow et les référendaires, «l’argent retiré sera répercuté sur les consommateurs, qui verront le prix de leurs abonnements augmenter pour soutenir des films qu’ils ne regardent pas». Mais selon l’AROPA, «cette incitation n’a pas entraîné d’augmentation dans les pays qui appliquent déjà ce mécanisme, comme la France». Alain Berset sourit: «Les prix dépendent surtout du pouvoir d’achat et nous partons de l’idée qu’il n’y aura pas de différence.»

2. Mécanisme en vigueur dans plusieurs pays

Des taxes comparables existent déjà dans plusieurs pays. Selon la Confédération, elles peuvent atteindre jusqu’à 20% en Italie ou 26% en France. Pour la réalisatrice Ursula Meier, «l’insertion dans le marché européen est vitale pour nos projets», et cette loi «donne une chance à nos histoires de résonner hors de nos frontières». Président de la Société suisse des auteurs, Denis Rabaglia acquiesce: «Les chances et les droits des professionnels de l’audiovisuel doivent être préservés.»

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