Politique » Pour beaucoup d’observateurs, c’est lui qui va succéder à Alain Berset. La course reste ouverte mais il y a depuis ce vendredi une certitude: en annonçant sa candidature à Berne, Beat Jans fait figure de favori pour remplacer le conseiller fédéral fribourgeois. Beat Jans? Un inconnu en Suisse romande; un ancien parlementaire expérimenté et un solide conseiller d’Etat pour les Alémaniques.
Vrai que l’actuel président du canton de Bâle-Ville peut se vanter d’une dizaine d’années à arpenter les couloirs du Palais fédéral. Il a siégé au Conseil national de 2010 à 2020, époque où il a aussi été le vice-président du parti au niveau suisse pendant cinq ans. Au Parlement, il a notamment occupé pendant longtemps un fauteuil à la puissante commission de l’économie et des redevances. Il a quitté Berne après son élection au Gouvernement de Bâle-Ville en 2020. «J’ai les qualifications nécessaires», prétend Beat Jans. Dans les trois langues nationales et accompagné de quatre camarades bâlois, il souligne ses origines modestes et le système politique suisse, qu’il servirait «avec honneur».
Longtemps absent
«J’ai les qualifications nécessaires»
Beat Jans
Des qualités, l’homme de 59 ans n’en manque pas. Il est décrit comme sympathique, bâtisseur de pont, comme quelqu’un avec qui on peut discuter. On lui prête aussi un bon réseau et de l’éloquence. Tout le monde est plutôt d’accord pour dire que le costume de conseiller fédéral lui siérait à merveille, son expérience dans un exécutif le démarquant de ses concurrents. «Il est un peu gris, mais c’est plutôt un avantage pour être élu au Conseil fédéral», glisse malicieusement un observateur. Autre atout: le canton de Bâle-Ville attend d’être représenté au Conseil fédéral depuis près de 50 ans. Et le gouvernement manque aujourd’hui de représentants des grandes villes et d’élus venant de régions denses et économiquement fortes.
Apprenti agriculteur, technicien agricole puis diplômé en science de l’environnement, Beat Jans est aujourd’hui un urbain qui connaît l’agriculture. Mais est-ce que les agriculteurs, si importants pour une élection au Conseil fédéral, l’aiment? Les avis sont partagés. Au Parlement, il est intervenu sur l’agriculture biologique ou sur la consommation de viande, entre autres. Comme le relève le journal alémanique spécialisé dans l’agriculture Schweizer Bauer, Beat Jans s’est régulièrement opposé à l’Union suisse des paysans. Nul doute que son audition par le lobby paysan à Berne sera déterminante s’il obtient une place sur le ticket socialiste.
Europhile
Sur le papier, Beat Jans est un socialiste marbré de vert. De mauvaises langues diraient qu’il est l’inverse d’une pastèque en politique: rouge à l’extérieur, vert à l’intérieur. De 1995 à 2010, il a travaillé pour l’organisation environnementale Pro Natura. Originaire d’un canton frontalier, il est aussi très sensible aux relations avec l’Union européenne et fait partie des europhiles du Parti socialiste. Chef d’un canton qui héberge les géants suisses de la pharma, il jouit d’une plutôt bonne image auprès des milieux économiques. Un bémol: absent du Parlement depuis plus de trois ans, certains élus ne le connaissent pas. D’autres l’ont peut-être oublié.