L’ancien timide qui conquiert la foule
Un vert de 35 ans évinçant un conseiller aux Etats sortant: inédit, mais peut-être pas si étonnant à Glaris
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Ariane Gigon, Glaris
22 octobre 2019 à 04:01
Surprise » Il aurait pu devenir cuisinier ou informaticien. Mais le goût des études l’a finalement orienté vers le gymnase. Moins de vingt ans plus tard, le Glaronais Mathias Zopfi est membre d’un exécutif communal, député cantonal, avocat et, depuis hier, conseiller aux Etats. Il a battu pour 252 voix le sortant UDC Werner Hösli. Un succès qui s’explique bien sûr par la vague verte, mais aussi par les caractéristiques du débat politique glaronais, avance celui qui se dit lui-même «moins introverti que par le passé».
«Je viens d’un petit village, j’ai été membre du club de tir, je joue aux cartes, je suis soldat: je ne suis donc pas l’écolo typique que l’UDC aime détester», explique Mathias Zopfi, qui accueillait hier de nombreux journalistes dans le local qui lui a servi, jusqu’à dimanche, de rendez-vous électoral avec la population.
«Une campagne phénoménale»
Car pendant des semaines, ce natif d’un petit village de 600 habitants où il vit toujours, a reçu, tous les vendredis en fin d’après-midi, les personnes qui souhaitaient lui parler. Il a aussi arpenté son canton dans tous les sens. «Il a mené une campagne phénoménale, engagée, émotionnelle», confirme le président du gouvernement, le PLR Andrea Bettiga. «Et il fallait bien ça pour évincer un conseiller aux Etats, chose qui n’était jamais arrivée dans notre canton.»
Mathias Zopfi, que tout le monde appelle «This», avait un autre atout de taille dans sa manche: le jass. «C’est une passion transmise par ma grand-mère, raconte-t-il. Je fais partie d’un club qui organise des compétitions. Grâce au jass, je connaissais déjà beaucoup de monde.»
Mais s’il n’est pas un vert typique, c’est, aussi, en raison des particularités glaronaises. «Grâce à la Landsgemeinde, nous avons une culture de la discussion politique qui n’existe peut-être pas partout. A la Landsgemeinde, on ne peut pas être agressif. On y va, on écoute, on cause, on vote. C’est pourquoi tous les partis glaronais sont plus modérés.»
Ayant grandi entre deux frères plus sportifs, Mathias Zopfi dit avoir passé une enfance assez «introvertie». Il a, un temps, voulu devenir cuisinier, puis informaticien. Le goût d’étudier est venu relativement tard, à l’adolescence, alors qu’un enseignant lui déconseillait d’aller au gymnase. Il a finalement obtenu le meilleur examen d’entrée de son année, avec la plus mauvaise note préalable.
L’écologiste est entré en politique par le biais d’une petite annonce: en devenant secrétaire des Verts. Après cela, il n’a cessé d’accumuler les mandats. Elu à l’Exécutif de Glaris Sud à l’âge de 26 ans, il entre ensuite au Grand Conseil, qu’il a présidé entre 2017 et 2018. «Il est apprécié bien au-delà de son parti», souligne Andrea Bettiga.
Bus publics, motos et voitures
Mathias Zopfi, également partenaire d’un bureau d’avocats et de notaires, occupe encore des fonctions dans des conseils d’administration, dont une entreprise de bus publics et une autre de réparation de motos et de voitures. Laissera-t-il tomber certaines tâches? «Je vais diminuer le temps de travail dans mon cabinet, effectivement. Par contre, je tiens à mon mandat d’exécutif communal: en fin de compte, ce sont les communes qui doivent mettre les décisions fédérales en œuvre.»
L’avocat, qui fêtera ses 36 ans en décembre, n’était pas attiré par le Conseil national: «Le ton y est parfois un peu trop théâtral, explique-t-il. Je préfère les discussions plus posées du Conseil des Etats. J’aime que l’on respecte les règles du jeu. Et je compte améliorer mon français!»
Jeunes «moins rigides»
Mathias Zopfi se réjouit tout particulièrement de travailler avec d’autres élus de sa génération: «C’est très important, à mes yeux.» Il admire le travail d’Andrea Caroni (plr, AR) par exemple, et se réjouit de rencontrer sa future collègue neuchâteloise Céline Vara. «Pour certains thèmes, il me semble que la jeune génération est moins rigide.»
Une habitante de Glaris, qui ne dévoile d’elle-même que son soutien au PLR, estime en revanche qu’«il ne faut pas croire que les jeunes peuvent tout régler. En politique, l’expérience est importante. Et il faut avoir la peau dure.» Une autre citoyenne, Kauselliah Peterhans, est d’un avis diamétralement opposé: «Mathias Zopfi est non seulement très sympathique, mais il va réussir à faire bouger les choses.» La démonstration est attendue dès décembre.
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