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Suisse

La Suisse a su trouver «un équilibre»

Vingt ans après la tuerie de Zoug, la proximité entre population et politiques est demeurée, malgré les mesures de sécurité


 Ariane Gigon, Zurich

Ariane Gigon, Zurich

25 septembre 2021 à 04:01

Anniversaire » Les Zougois se retrouveront lundi soir, avec le président de la Confédération Guy Parmelin, pour rendre hommage aux quatorze victimes du forcené qui, le 27 septembre 2001, était entré, déguisé en policier, dans le bâtiment du Grand Conseil et avait ouvert le feu autour de lui. Des mesures de sécurité ont par la suite été mises en place pour contrôler l’accès aux bâtiments publics. Mais «un équilibre a été trouvé» pour que le contact entre la population et les autorités demeure. C’est en tout cas la conviction de nombreuses personnalités.

Certains ne veulent plus raconter, surtout en période de commémoration, et renvoient au film L’attentat de Zoug (lire ci-contre). L’ancien conseiller d’Etat Hanspeter Uster, qui a été ministre cantonal entre 1991 et 2006, a survécu aux balles, contrairement à trois de ses collègues au gouvernement, et il commente sobrement: «Toutes les cérémonies annuelles m’aident à vivre avec les événements du 27 septembre 2001, dit-il. Celle de cette année, avec les autres personnes concernées, aussi.»

A New York et à Zoug

Le Zougois Rudolf Hauri, actuel président de l’Association des médecins cantonaux, n’est pas près d’oublier le mois de septembre 2001. «Le 27, en tant que médecin légiste, j’étais en train d’aller à Berne pour un rapport sur notre engagement à New York, où nous étions allés prêter main-forte à nos collègues américains après le 11 septembre, lorsque la nouvelle de la tuerie nous est parvenue. La police m’a ramené à Zoug.»

«L’empathie, la solidarité et la cohésion ont été très fortes, poursuit-il. Très vite, le travail des administrations pour trouver de nouveaux outils de gestion des risques a commencé. Le personnel de l’Etat a été sensibilisé.»

André Duvillard, à l’époque adjoint du commandant de la Police cantonale neuchâteloise et aujourd’hui délégué du Réseau national de sécurité, rappelle que «c’est aussi Zoug qui a déclenché les procédures de gestion des menaces et la réflexion sur les personnes quérulentes qui ont un problème avec l’Etat. Aujourd’hui, pratiquement tous les cantons se sont dotés de ces outils qui permettent de détecter des comportements potentiellement dangereux, le plus vite possible.»

Lors de la session du Grand Conseil neuchâtelois qui a suivi l’attentat de Zoug, «des policiers avaient été placés parmi le public», se souvient André Duvillard. Mais tous les politiciens n’acceptaient pas cette distance. D’autres mesures policières, passives, ont été trouvées, précise le spécialiste, avec des caméras de surveillance et des vitres renforcées. «Nous avons trouvé un équilibre entre proximité et sûreté», estime-t-il.

La socialiste genevoise Liliane Maury Pasquier était première vice-présidente du Conseil national au moment des faits. «Ce fut un énorme choc, se souvient-elle. Comme si nous étions rattrapés par la réalité du monde.» Après la «sidération», le Parlement fédéral s’est mis au travail pour prendre des mesures permettant de «continuer à faire de la politique en toute sécurité.

Une proximité conservée

Et vingt ans après? «Nous avons réussi à relever le pari, estime la Genevoise. Nous avons préservé l’accessibilité tout en assurant la sécurité du personnel des bâtiments publics. Nous avons conservé une grande proximité avec la population.» Bien sûr, ajoute Liliane Maury Pasquier, «dans une foule, il faut être attentif, mais tout est question de proportionnalité et d’équilibre. Les rencontres sont toujours possibles.»

Pour Rudolf Hauri aussi, «même si on n’entre plus dans les bâtiments, ou les bureaux des conseillers d’Etat, en poussant simplement la porte, les rapports entre les citoyens et les politiques n’ont pas changé. En Suisse, nous avons trouvé une bonne voie.»

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