Feu vert pour l’achat des F-35
Le Conseil national donne son aval à l’acquisition de 36 jets américains et à de nouveaux missiles
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Philippe Castella
16 septembre 2022 à 04:01
Armée » C’est le plus gros achat jamais réalisé par l’armée suisse. Après le Conseil des Etats en juin, le Conseil national a donné hier son aval à l’achat de 36 avions de combat F-35A pour un montant de 6,035 milliards de francs. Il y a même ajouté près de 2 milliards pour l’acquisition d’un système de défense sol-air Patriot.
Des missiles, il y en a eu aussi de nombreux hier, entre la gauche et la droite du parlement, durant les cinq heures de débats. Les deux camps se sont écharpés sur le choix du jet américain et sur le sort de l’initiative populaire «Stop F-35A». Celle-ci ne sera pas soumise au peuple avant la signature du contrat d’achat, qui doit intervenir avant fin mars, date butoir de l’offre américaine à prix fixe.
«Empêcher la population de se prononcer sur le choix du F-35A est une erreur.»
Fabien Fivaz
Après le dépôt de l’initiative fin août, le Conseil fédéral avait annoncé qu’il n’était pas possible de la soumettre au peuple d’ici à mars. Et hier, le parlement a enfoncé le clou en inscrivant dans la loi la mission donnée au Conseil fédéral de parapher cet achat avant fin mars.
«Déni démocratique»
«Empêcher la population de se prononcer sur le choix du F-35A est une erreur, proteste le vert neuchâtelois Fabien Fivaz. C’est un déni démocratique que le Conseil fédéral et le parlement fassent fi d’une initiative populaire en suspens.»
Ce reproche de déni démocratique, Jacqueline de Quattro (plr, VD) le renvoie à la gauche: «Un vote est un vote, même si son résultat est serré et qu’il déplaît», dit-elle, en référence aux 8500 voix d’écart (50,1%) en votation populaire en faveur de l’achat d’un nouveau jet. «Revenir sur le même objet deux ans plus tard n’est pas démocratique», estime-t-elle.
«Un vote est un vote »
Jacqueline de Quattro
Surtout, pour la droite, il y a deux raisons d’aller rapidement de l’avant: l’inflation et la guerre en Ukraine. La Suisse a pu négocier avec les Etats-Unis un prix fixe, qui inclut l’inflation, devenue galopante depuis lors. En cas de renégociation, elle n’obtiendrait pas les mêmes conditions. Et en raison de la guerre en Urkaine, le carnet de commandes de l’avionneur Lockheed Martin s’est étoffé dans l’intervalle. La Finlande lui a commandé 64 appareils, l’Allemagne 35 et le Canada 88, a rappelé la conseillère fédérale Viola Amherd. Conséquence: si la signature du contrat est reportée, «la livraison des nouveaux avions de combat sera très probablement retardée en raison de la perte du créneau de production réservé», a argué la Valaisanne.
A gauche, on n’en veut pas de cet avion, qu’on affuble de tous les défauts. Surtout celui d’être inadapté aux missions que veut lui confier l’armée suisse, à commencer par la police du ciel. «Le F-35A est un avion furtif profilé pour le bombardement en territoire ennemi», a souligné Pierre-Alain Fridez. Et de s’étonner de missions tests durant la phase d’évaluation telles que «le bombardement d’une base aérienne en République tchèque ou d’un bunker en Autriche». Des missions peu compatibles avec la neutralité helvétique.
Craintes pour le bruit
La gauche aurait préféré que l’on opte pour un des deux concurrents européens, le Rafale ou l’Eurofighter, pour des raisons politiques. «Les dégâts d’image pour la Suisse sont gigantesques. Nos relations diplomatiques avec nos voisins n’ont jamais été aussi mauvaises», a déploré Fabien Fivaz.
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